Intervention de Jérôme Bascher

Réunion du 8 juin 2021 à 14h30
Amélioration de l'économie du livre — Adoption en procédure accélérée d'une proposition de loi dans le texte de la commission modifié

Photo de Jérôme BascherJérôme Bascher :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, tout a été dit ou presque. Pour ne pas me borner à reprendre, en les condensant, les propos de mes prédécesseurs, je commencerai par un in memoriam. Nous débattons en effet de la préservation des librairies indépendantes, lesquelles ont, je le crois, marqué nos vies.

Quelles que soient les travées sur lesquelles nous siégeons, ce sont elles qui nous ont amenés à la lecture et aux livres. Julien Bargeton en a ainsi cité autant comme autant, et nous connaissons tous son goût pour le livre.

Mais qui a fait référence la librairie Gibert Jeune, qui se trouve à deux pas d’ici et qui est fermée depuis deux mois et demi, alors que nous sommes nombreux à y avoir acheté des livres d’occasion ? J’y ai parfois pris des livres de taupin, mais aussi l’Anthologie de la poésie française de Georges Pompidou…

Pourquoi cette librairie du Quartier latin, où nous allions étudiants acheter des ouvrages d’occasion, a-t-elle fermé ses portes, madame la ministre ? Tout simplement parce que les étudiants, aujourd’hui, n’achètent plus de livres dans les librairies indépendantes ! Les jeunes, ceux vers lesquels nos efforts devraient également tendre, vont maintenant sur internet.

Déjà, à la fin du XXe siècle, on commandait sur Amazon les livres que l’on ne pouvait pas trouver en France, qu’ils soient écrits en anglais ou dans d’autres langues, espagnol ou russe, si l’on aimait la littérature. Peut-être avons-nous, là encore, raté le tournant de l’internet ?

Je ne crois pas qu’il faille aujourd’hui opposer ce qu’il reste des librairies indépendantes à Amazon – n’ayons pas peur de nommer le mal. Rappelons-nous que nous avions eu la même tentation à propos des hypermarchés ou du groupe Fnac, qui faisaient également peser de lourdes menaces sur les librairies indépendantes. Pourtant, nous sommes parvenus à un équilibre en faveur de la lecture.

Quoi qu’il en soit, le vrai problème est de trouver un lectorat supplémentaire. Il s’agit d’un appel pressant, madame la ministre. En effet, même si Jean-Michel Blanquer y est également attentif, c’est là que le bât blesse.

À quoi bon vouloir préserver des librairies s’il s’agit de les transformer en musées ? Non ! Les librairies doivent demeurer des lieux vivants, drainant à elles de nouveaux lecteurs. Or, hélas, aujourd’hui, c’est toujours un peu la même population que l’on trouve dans les librairies indépendantes…

Je remercie donc Laure Darcos de nous permettre d’aborder cette question et d’avancer un certain nombre de propositions. Le débat, évidemment, portera surtout sur l’article 1er, la suite du texte ne posant pas problème. Céline Boulay-Espéronnier est parvenue, avec Laure Darcos et vos services, madame la ministre, à un texte équilibré. Mais tout cela ne suffira pas à résoudre les difficultés entre les différents acteurs.

Il existe bien une solution, mais elle relève de l’article 40 de la Constitution.

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