Intervention de Christian Cambon

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 26 mai 2021 : 1ère réunion
Lortholary directeur d'asie et d'océanie au ministère de l'europe et des affaires étrangères

Photo de Christian CambonChristian Cambon, président :

Mes chers collègues, nous accueillons aujourd'hui M. Bertrand Lortholary, directeur d'Asie et d'Océanie au ministère de l'Europe et des affaires étrangères, pour évoquer l'indopacifique.

Dès 2016, notre commission appelait à la définition d'une politique indopacifique française dans le cadre du rapport d'information intitulé Australie : quelle place pour la France dans le Nouveau monde, que j'ai eu l'honneur de co-rapporter avec Marie-Françoise Pérol-Dumont. C'était au moment du « contrat du siècle » que constituait la vente de 12 sous-marins à l'Australie.

C'est en 2018, dans le cadre de la conférence des ambassadeurs, que le Quai d'Orsay s'empare pleinement de cet axe de lecture des enjeux géopolitiques qu'est l'indopacifique. Vous nous direz, monsieur le directeur, ce que cette évolution signifie pour la politique étrangère française. Quelle place prévoit-elle pour nos territoires ultramarins, nombreux dans cette zone, je pense bien sûr à Nouméa, mais aussi à Wallis-et-Futuna, et à notre zone économique exclusive (ZEE), la deuxième plus grande du monde. Il est toujours bon de rappeler que quelque deux millions de Français sont présents dans cet espace.

La France est une puissance riveraine de cet espace indopacifique qui se caractérise par une croissance économique et démographique extrêmement dynamique. Au sein de cet espace maritime, les voies de navigation, les détroits et le droit de la mer sont des enjeux géopolitiques déterminants à l'heure de l'affirmation d'ambitions régionales et internationales, singulièrement celles de la Chine. De son côté, la nouvelle administration américaine approfondit son pivot asiatique, réaffirme sa présence militaire, son soutien à Taïwan et renforce le dialogue de sécurité quadrilatéral (QUAD), qui rassemble autour d'elle le Japon, l'Inde et l'Australie dans une éventuelle préfiguration d'un OTAN asiatique.

Face à ces enjeux, vous nous présenterez, monsieur le Directeur, le Livre blanc Stratégie française en Asie-Océanie à l'horizon 2030, qui défend la perspective d'un espace asiatique indopacifique inclusif.

Cette stratégie porte le projet d'un rééquilibrage de notre partenariat stratégique global avec la Chine. Vous nous direz comment cela s'articule avec la conception d'une Chine rivale systémique de l'Union européenne. J'avais constaté la complexité de notre relation avec la Chine lors de la venue du président Xi Jiping à Paris et lorsque j'avais accompagné le président Macron en Chine.

La politique française s'appuie également sur des partenariats renforcés avec l'Inde, l'Australie et le Japon. S'allier aux grandes démocraties de la zone est une évidence et une nécessité, mais notre stratégie ne peut se limiter à des accords amicaux. Comment s'insèrent dans notre politique des pays, peut-être moins proches de nous, mais déterminants pour l'avenir de cette zone, tels que le Pakistan, qui a été le sujet d'une de nos récentes auditions ? Comment garantir, monsieur le directeur, que notre stratégie soit aussi « inclusive » qu'elle est annoncée ? C'est l'un des enjeux de la présidence française de l'Union européenne qui s'annonce pour début 2022.

Monsieur le directeur, je vous cède la parole pour une douzaine de minutes, avant d'inviter mes collègues à vous poser leurs questions.

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