Intervention de Laurence Cohen

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 27 mai 2021 : 1ère réunion
Témoignage de linda accompagnée de m. jean arcelin écrivain co-auteurs du livre l'ange de pigalle

Photo de Laurence CohenLaurence Cohen :

Merci beaucoup pour ce témoignage et pour ce livre, qui pourrait devenir un outil utile pour avancer en matière de prévention.

Lors de la réunion ayant précédé votre témoignage, nous avons évoqué différents aspects de la prostitution. Vous identifiez, chez les jeunes, une banalisation de cet acte. Nous avons vu qu'il touchait tous les milieux sociaux. Il donne l'impression aux jeunes d'être libres, de faire ce qu'ils souhaitent. Ce sentiment est alimenté par la presse, par des émissions...

En tant que parlementaires, nous sommes particulièrement touchés, car nous sommes alertés par les préfets et les procureurs au sein de nos départements quant à la montée de cette prostitution, très difficile à détecter et à stopper. Il est facile de tomber dans un engrenage, dans des réseaux. La prostitution rapporte énormément d'argent à ces proxénètes.

Aujourd'hui, la majorité des prostituées sont en outre des femmes qui arrivent en France ou en Europe attirées par l'Eldorado, à qui sont confisqués leurs papiers, et qui sont envoyées dans des réseaux de traite de personnes, confrontées à des violences terribles.

Avez-vous prévu de vous rendre dans des établissements scolaires pour travailler avec les enseignants et accompagner cette prise de conscience ? J'ai pu travailler avec une ancienne prostituée, Rosen Hicher, qui a beaucoup fait parler d'elle il y a quelques années en participant à une marche de 800 kilomètres. Elle a cofondé le Mouvement des survivantes avec Laurence Noëlle. Elle a notamment été prise en charge par l'association Le Nid. Elle parle vraiment de « survivantes » de la prostitution. À mes yeux, vous l'êtes, Madame. Vous êtes une survivante, une résistante, une battante. Votre témoignage est très fort.

À la suite de ce livre, avez-vous prévu de poursuivre un travail de prévention et d'éducation ? Avez-vous rencontré des associations qui vous soutiennent ?

Linda. - Personne ne m'a contactée. Je le ferais volontiers. Je ne voudrais pas que toutes ces jeunes qui ont commencé à se prostituer continuent à le faire. Une prostituée n'est jamais heureuse. Le bonheur, je ne le connais pas.

J'aimerais faire de la prévention à destination de toutes ces jeunes filles, par exemple dans les écoles, pour leur expliquer ce qu'est la prostitution. En tant que prostituée, j'ai tellement souffert. Lorsque j'étais dans une maison d'abattage, j'avais 100 clients par jour. Le soir, je souffrais physiquement. Ensuite, je suis passée à 35 clients par jour, pendant sept ou huit ans.

J'aimerais prévenir ces gamines. De nombreux clients ne vont désormais que sur Internet. C'est là que se trouvent ces jeunes filles.

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