Bonjour Madame. Quel courage ! Il vous en a fallu durant toutes ces années, mais également dans la rédaction de cet ouvrage. Comment avez-vous eu l'idée de témoigner ? M. Arcelin est-il venu vous chercher, ou avez-vous pris vous-même cette décision ? Il était important de faire connaître votre récit. Vous n'êtes pas extérieure au système, vous l'avez vécu de l'intérieur.
Tout à l'heure, Laurence Cohen a parlé de survivantes. Comment avez-vous pu survivre toutes ces années ? Qu'est-ce qui vous a fait tenir ? Comment vous en êtes-vous sortie ? Vous l'avez dit, certaines prostituées sont mortes sur le trottoir. Pas vous.
Enfin, comment s'est passé votre passage à la retraite ?
Linda. - Le passage à la retraite se passe bien, mais je fais toujours des cauchemars la nuit, j'ai eu une vie si violente. Je vois encore ce que j'ai subi.
Actuellement, je touche 270 euros par mois et je n'ai pas de retraite. Ce n'est pas simple. J'avais un peu d'économies, heureusement. Si les femmes se prostituent si longtemps c'est parce qu'elles n'ont rien et vivent dans une grande précarité. C'est pour cette raison que j'en ai vu mourir sur le trottoir.
J'aurais dû mourir plusieurs fois. J'ai pris tant de coups. Mon tortionnaire m'a même tiré dessus. J'ai également été agressée et braquée dans mon studio.