La scène à laquelle j'ai assisté il y a quelques années à Cannes m'a fait comprendre pourquoi beaucoup de prostituées ne se rendent pas au poste pour demander de l'aide. Je ne pense pas qu'une femme prostituée ait le réflexe d'aller parler à des policiers. J'espère que la situation a changé depuis les années 1960. La police était à l'époque cliente, corrompue. Elle touchait des enveloppes. Nous l'expliquons dans le livre. Les forces de l'ordre doivent être éduquées sur le sujet.
Je sais qu'il y a beaucoup de prostituées étrangères. Je crois qu'environ 80 % de ces femmes se prostituent sous la contrainte. Sur 40 000 personnes prostituées en France, 30 000 femmes vivent en état d'esclavage, sans que personne ne s'en émeuve. Tous les deux, nous n'arrêterons pas la prostitution. Le fait que la prostitution forcée existe encore en 2021 me semble inacceptable.
J'ai imaginé le destin de cette jeune femme croisée à Cannes, quittant son Afrique en parlant à peine français. Elle a dû s'entendre dire, comme Arlette, que Paris était magnifique et que la France était formidable. Elle s'est finalement retrouvée là, sur un trottoir, à moitié nue en pleine nuit. Un service de prévention devrait accueillir ces femmes, les entourer, les garder. Je ne sais pas comment nous pouvons encore tolérer 30 000 femmes en état d'esclavage en France.