Intervention de Isabelle Joschke

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 20 mai 2021 : 1ère réunion
Rencontre avec les skippeuses engagées dans l'édition 2020-2021 du vendée globe

Isabelle Joschke :

Merci. Ce matin, je pensais à cet abandon qui marque un peu l'histoire de mon Vendée Globe. J'ai réalisé à quel point ce qui compte, c'est l'histoire qu'on se raconte. En effet, j'ai dû me retirer de la course le 9 janvier suite à la rupture du vérin de quille, qui ne me permettait pas de terminer le parcours en sécurité. Pourtant, à mes yeux, ce Vendée Globe est une course réussie avec mon équipe et mon sponsor. Comme vous l'avez vu tout à l'heure lors du visionnage de la vidéo, il y a pourtant beaucoup de fierté et aucun regret face à cette aventure. Le Vendée Globe est une course qui permet de gagner même lorsqu'on n'est pas premier, et même quand on ne peut pas passer la ligne d'arrivée en course. J'avais envie de commencer par ce point avant d'évoquer très rapidement mon parcours.

Moi aussi, j'ai eu des rêves d'enfants qui n'ont pas pu être exaucés. J'ai réalisé cette année à quel point ils m'avaient propulsée dans la course au large avec autant de motivation et d'envie. Quand j'étais petite, je rêvais de posséder un Optimist et de naviguer seule. À l'époque, je partais en vacances au bord d'un lac en Autriche - car je suis franco-allemande et autrichienne - et je rêvais de le traverser seule sur mon Optimist. Je n'ai pas pu réaliser totalement ces rêves, avant de rencontrer la mini 6.50 en 2004. J'ai démarré la course au large, sans trop savoir où elle allait me mener. C'était une rencontre, une envie très spontanée. Je me suis dit que c'était pour moi. Je me suis lancée pour voir ce que ça donnerait. Je me suis découvert une passion non seulement pour la course au large, mais aussi pour la compétition. Elle m'a mené, dix-sept ans plus tard, au départ de mon premier Vendée Globe. Après nombre de compétitions - en mini 6.50, puis sur le circuit Figaro pendant huit ans sur un bateau de 12 mètres - j'ai démarré ce projet Vendée Globe en 2017 sur mon bateau aujourd'hui appelé MACSF, modernisé en cours de route. Le parcours d'un marin, c'est aussi des rencontres, des opportunités, des périodes fastes et d'autres qui le sont moins ! J'ai vécu tout ça durant ces dix-sept années. J'ai eu la chance de pouvoir équiper ce bateau de foils deux ans avant le départ du Vendée Globe. Ce moment a été très important, puisqu'il l'a rendu bien plus performant. Il m'a permis de faire une course dans les avant-postes, celle dont je rêvais, même si elle ne s'est pas terminée comme je l'aurais souhaité.

Il y a beaucoup à dire concernant la course au large et les femmes. Selon moi, nous parlerons toujours du même sujet, quel que soit le domaine : la course, la politique, ou le monde de l'entreprise. Dans mes motivations lors de ce Vendée Globe, un point était très important, celui d'aborder la course en tant que femme. Nous en reparlerons tout à l'heure, mais lorsque nous sommes minoritaires, il peut être difficile d'accepter le fait d'être une femme dans un monde d'hommes. Pour moi, il était important de l'affirmer, et de m'appuyer sur la force que m'apportait le fait d'être une femme, même si notre force physique demeure moindre dans la course au large.

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