Intervention de Samantha Davies

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 20 mai 2021 : 1ère réunion
Rencontre avec les skippeuses engagées dans l'édition 2020-2021 du vendée globe

Samantha Davies :

Roxy est une marque de vêtements féminins. C'est grâce au fait que je suis une femme que j'ai eu la chance de participer au Vendée Globe. Nous souffrons donc de certains désavantages, mais profitons également d'opportunités.

Comme Pip et Miranda, je suis Anglaise mais j'habite en France depuis 2004. J'avais pour objectif de progresser dans la voile. Si on veut battre les meilleurs, il faut s'entraîner avec eux pour comprendre leurs secrets. Je suis née à Portsmouth, une ville de la marine anglaise. Je viens d'une famille de marins, et j'ai eu la chance de toujours naviguer. J'avais deux semaines lorsque j'ai mis les pieds sur un bateau pour la première fois. Je n'en ai aucun souvenir !

J'ai un diplôme d'ingénieur. J'ai fait mes études dans un milieu très macho. Nous étions au mieux 7 % de femmes dans ma promotion. La voile était mon plaisir. J'étais compétitrice lors de mes études, mais j'ai découvert la compétition dans la natation synchronisée. J'ai vécu dans un milieu très féminin. J'en parle, car nous évoquons la course au large, qui est plutôt un milieu masculin.

Je m'étais promis de ne pas partir avant d'avoir un Master 2 en poche, je voulais avoir une autre sécurité avant de faire de la voile. J'ai reçu ce diplôme au moment où Tracy Edwards a monté le Trophée Jules-Verne mentionné par Miranda. J'ai raté ma remise des diplômes pour prendre un avion et rejoindre l'équipage de Tracy. C'est encore une fois parce que je suis une femme que j'ai eu cette opportunité. J'avais peu d'expérience, mais j'étais motivée. Les femmes capables de naviguer sur ce type de bateau étaient en outre peu nombreuses. Je pense que c'est encore le cas. C'est ainsi que j'ai eu cette opportunité à l'âge de 22 ans. C'est cet équipage féminin, et Tracy Edwards, un modèle pour moi, qui m'a ouvert des portes. Miranda a expliqué un peu nos aventures et la force de solidarité qui nous unit. Nous cinq, et six, si Clarisse avait pu être présente, pouvons témoigner de la force qui unit les femmes lorsqu'elles travaillent ensemble, de la solidarité et du soutien qu'elles s'apportent mutuellement dans les challenges et les moments difficiles. Ensemble, les femmes peuvent faire des choses incroyables.

J'ai donc eu la chance de faire ce tour du monde sur un maxi-catamaran à 22 ans, ce qui m'a lancée sur une carrière dont je n'avais même pas rêvé. J'ai eu plusieurs fois la chance de trouver des projets et sponsors. J'ai fait des mini-transats, j'ai navigué avec Alexia, j'ai eu l'opportunité incroyable de faire le Vendée Globe en 2008 sur Roxy. J'avais un vieux bateau. J'imaginais arriver à la vingtième place sur trente. J'ai terminé quatrième, au pied du podium. C'était une année difficile, avec beaucoup de tempêtes. J'ai profité des problèmes techniques des bateaux un peu plus rapides que moi pour les doubler. Cette quatrième place représente encore à ce jour l'une de mes plus grandes fiertés. J'ai passé ces quinze dernières années à essayer de m'améliorer, mais je n'ai pas encore réussi.

J'ai maintenant la chance d'être équipée du bateau Initiatives-Coeur. J'ai trois partenaires, Initiatives, K'line et Vinci Energies. Je suis très fière de ce projet performant. Avec (inaudible), nous nous battons les uns contre les autres, aux avant-postes, depuis plusieurs années sur ces classements. J'ai un super souvenir à l'arrivée de la Drheam Cup à Cherbourg, où Isabelle et moi sommes arrivées première et deuxième. Yan Elies, arrivé troisième, n'était pas très content.

Nous étions six femmes sur le dernier Vendée Globe. Huit skippers étaient partis favoris. Il y manquait une femme. Nous étions considérées comme des outsiders. Si nous sommes contentes de voir les progrès réalisés, je rêve de voir des femmes avec de vrais projets, classées favorites en 2024, car elles se battront à armes égales.

Je crois être la seule maman parmi les six femmes présentes. Il est assez compliqué de coupler une carrière, qu'elle soit professionnelle ou sportive, et la maternité. Je suis toujours là pour donner des conseils aux jeunes et leur montrer que c'est possible, bien que ce soit très fatigant. Le projet Initiatives Coeur est également un projet concernant beaucoup d'enfants. Il a du sens. Je soutiens la cause de l'association Mécénat Chirurgie cardiaque. Lors de chaque course, je cours pour gagner de l'argent et sauver des vies d'enfants souffrant de malformations cardiaques dans des pays où ils ne peuvent pas être soignés. C'est un projet incroyable. Je crois que le futur du sport professionnel implique de soutenir des causes et d'avoir du sens. Je suis très touchée par cette cause, en tant que maman.

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