Intervention de Jean-Philippe Vicentini

Délégation aux Collectivités territoriales et à la décentralisation — Réunion du 3 juin 2021 à 9h25
Audition de M. Jean-Philippe Vicentini procureur de la république près le tribunal judiciaire de valenciennes sur « la coopération entre les élus locaux et le procureur de la république en matière de sécurité et de prévention de la délinquance

Jean-Philippe Vicentini :

Sur les polices municipales, je pense qu'il faut aller plus vite et plus loin. Je sais que la question est difficile politiquement, mais le niveau des polices municipales est aujourd'hui souvent élevé et elles sont très bien équipées. Un certain nombre de nos enquêtes auraient besoin de beaucoup plus de réactivité pour restaurer la confiance dans certains quartiers, mais cela reste difficile car le nombre de policiers nationaux dont nous disposons est insuffisant.

Je ne pense pas, par exemple, que mettre des amendes aux usagers de produits stupéfiants soit efficace. Il est préférable de les insérer dans un système de soin. De nouvelles dispositions sont cependant nécessaires pour ce faire. La réforme proposée dans la loi Sécurité globale n'aurait pas permis aux policiers municipaux d'agir plus efficacement. En revanche, elle imposait des effectifs de vingt policiers municipaux dans chaque commune, ce qui - dans ma juridiction - n'aurait été possible que dans la seule ville de Valenciennes. Je répète donc qu'il faut aller plus vite et plus loin ; cette réforme devra se faire et il est regrettable de perdre du temps.

Je l'ai dit au Premier ministre et au garde des sceaux lors de leur visite en février dernier, l'arrivée de juristes assistants en décembre 2020 a changé ma façon de travailler. Le recrutement reste encore difficile, car il faut trouver des personnes titulaires d'un doctorat de droit et ayant déjà exercé pendant deux ans une activité professionnelle. Ce n'est pas le cas des chargés de mission qui sont aussi des contractuels de catégorie A, mais qui bénéficient de conditions d'embauche plus souples. J'ai toujours été admiratif des effectifs dont peut disposer un préfet avec un directeur de cabinet et plusieurs cadres de catégorie A. Il faut aujourd'hui, autour des procureurs de la République, des moyens humains supplémentaires qui ne soient pas obligatoirement des magistrats ; la présence de juristes assistants et de chargés de mission est extrêmement importante.

Depuis le début de ma carrière, j'ai toujours reçu un accueil exemplaire des élus. Nos difficultés sont communes. Je continue aujourd'hui le même travail en tant que Procureur de la République que celui que j'effectuais en tant que substitut. Ainsi, je me rends aux audiences, j'assure des permanences, je traite des plaintes. L'aspect opérationnel nécessaire de nos métiers n'est pas possible sans le travail avec les élus, sous peine d'oeuvrer en aveugle. Les relations peuvent être rugueuses avec certains maires lors des premières réunions. Ce constat démontre que cette communication pratique est nécessaire pour des relations fluides et de confiance. Notre métier nous impose des choix fondamentaux, et j'ai fait celui du travail avec les élus. Je suis persuadé que pour notre société, cet investissement de mon parquet est indispensable.

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