Intervention de Christian Dietrich

Délégation aux Collectivités territoriales et à la décentralisation — Réunion du 3 juin 2021 à 9h25
Table ronde relative aux « nouvelles technologies comme outils de lutte contre les déserts médicaux » en présence de m. christophe dietrich maire de laigneville oise et de m. john billard maire de le favril eure-et-loir

Christian Dietrich :

A Laigneville, le cabinet médical nous a coûté 150 000 euros. La secrétaire médicale coûte 25 000 euros par an, charges patronales incluses. L'appareil de télécabine coûte 25 000 euros, mais il nous est gracieusement prêté par Hopi Médical dans un échange de bons procédés. Ainsi, nous démontrons que l'appareil fonctionne et il me permet de soigner ma population. Il m'est donc prêté jusqu'à ce que son achat soit possible. Les consultations médicales nous coûtent entre 80 000 et 100 000 euros par an, les médecins étant payés au forfait et non à la consultation. Ce tarif fixe a permis d'ouvrir ce service à tout notre bassin de population.

La communauté de communes du Liancourtois étudie un projet de maison médicale - qui nous a été demandée - même si nous n'avons pas de médecins à y installer. Son coût varierait entre 1,5 million et 2 millions d'euros, l'incohérence étant qu'elle devrait fonctionner avec des médecins ayant déjà un cabinet.

Aujourd'hui la CPAM de l'Oise a repris la main après l'ARS, et j'entretiens de très bons rapports avec sa directrice et son adjointe. Cependant, afin d'espérer un remboursement, nous devons monter une équipe de soins primaires (ESP) avec notre médecin à mi-temps sur Laigneville, les infirmières et la pharmacie, pour la rattacher à la CPTS qui n'existe que sur le papier. J'ai par ailleurs appris que nous devons passer par une nouvelle commission consultative de médecins locaux qui doit valider la télémédecine pour cette ESP.

La France est l'un des seuls pays où les médecins font les règles pour eux-mêmes, et sont juges et parties. Ce sont les médecins qui ont créé le numerus clausus lors du Gouvernement de M. Alain Juppé alors qu'ils étaient la plus grosse représentation socioprofessionnelle à l'Assemblée nationale. Nous sommes aujourd'hui dans cette situation car le corporatisme et les lobbies ont organisé la pénurie. L'hypocrisie est bien présente. Alors que je ne suis pas reconnu par l'ARS ni remboursé, les médecins appelés en pleine période de la Covid ont refusé de recevoir des patients et les ont renvoyés à la télémédecine de Laigneville. Les infirmières ont donc effectué toutes les consultations de la Covid, mais n'ont reçu aucun matériel de protection de l'ARS. J'ai dû faire appel à la population pour que les infirmières puissent être protégées. Des garagistes, des pizzaïolos et des peintres ont offert des masques, des lunettes et des tabliers. Certaines infirmières hospitalières prenaient du matériel dans leurs établissements pour le donner aux infirmières de Laigneville. Les médecins de ville étaient très satisfaits de ne pas se mettre en danger grâce au cabinet de télémédecine, tout en exposant nos infirmières. Je précise que la préfète de mon département a refusé de remettre une médaille de courage et de dévouement à nos infirmières, estimant qu'elles ne s'étaient pas mises en danger. Je leur ai donc personnellement remis la médaille de la ville.

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