Intervention de Christian Dietrich

Délégation aux Collectivités territoriales et à la décentralisation — Réunion du 3 juin 2021 à 9h25
Table ronde relative aux « nouvelles technologies comme outils de lutte contre les déserts médicaux » en présence de m. christophe dietrich maire de laigneville oise et de m. john billard maire de le favril eure-et-loir

Christian Dietrich :

Je considère qu'il s'agit d'une question de santé publique. En revanche, nous avons à faire avec des corporatismes qui n'ont rien à voir avec elle. J'ai donc dû prendre mes responsabilités. J'ai, en effet, eu des remarques des habitants de Laigneville afin que le cabinet de télémédecine leur soit réservé. J'ai répondu qu'une telle mesure n'aurait aucun intérêt, le tarif à payer étant le même qu'il y ait dix ou vingt patients. En conséquence, j'ai ouvert ce service à tout le monde. Nous n'avons que quatre médecins sur la communauté de communes du Liancourtois, et mes collègues maires sont très heureux que leurs administrés puissent aller consulter à Laigneville, plutôt que de n'avoir aucune solution de soins, une situation à laquelle j'ai été confronté lors du départ de mes médecins de ville. Pour autant, je ne reçois aucune aide financière de mes collègues.

Pour répondre à la question de M. Houllegatte, les freins ne sont pas légaux, ils sont administratifs. Aujourd'hui, notre pays n'est plus gouverné, il est administré. Les administrations ont pris le pouvoir sur les élus. J'ai appris dans le passé que la décision était politique et que l'administration devait soutenir cette décision. Actuellement, les administrations font leur propre interprétation des lois et les imposent aux élus. La crise de la Covid a été la démonstration de l'impotence et de l'omnipotence de nos administrations. Elles ont été incapables de répondre au moindre problème lié à la Covid. Seuls les 36 000 conseils municipaux ont su se mobiliser sans rien attendre du Gouvernement et des administrations. De même, ma commune a été la seule à ne pas rouvrir ses écoles l'année dernière, car j'ai mis en place une garderie gratuite pour permettre aux gens d'aller au travail. Les communautés de communes et les régions ont été totalement absentes de la crise de la Covid. Seules les communes ont répondu, de même que les départements d'un point de vue économique. À donner toutes les compétences aux communautés de communes, nous voyons l'effet fallacieux de la loi NOTRe, qui vise à asphyxier administrativement et financièrement les communes et s'emploie à leur disparition. Nos 36 000 communes permettent de mettre la République à la portée de tous, et nous n'avons jamais eu autant besoin de le faire qu'aujourd'hui. Je me retrouve totalement dans le livre de Christophe Guilluy « La France périphérique », et beaucoup d'administrations devraient s'en inspirer. Il est temps que les administrations retournent à leur place et que les élus se réapproprient la décision.

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