Intervention de Jacqueline Cottier

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 3 juin 2021 : 1ère réunion
Table ronde sur le thème « être agricultrice en 2021 »

Jacqueline Cottier, présidente de la Commission des agricultrices de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) :

Mme Liébert a très bien présenté l'évolution du statut des agricultrices. Nos pionnières ont milité et se sont battues de longues années pour le faire évoluer. Malheureusement, des agricultrices travaillent encore sur des exploitations sans avoir de statut. Nous assurons un travail d'information en partenariat avec la MSA pour les alerter sur leur protection réduite en cas d'accident du travail ou de veuvage, par exemple.

La loi PACTE (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises) oblige le conjoint, la plupart du temps, à déclarer sa femme comme salariée si sa présence a été constatée de façon régulière et sans statut, afin qu'elle puisse bénéficier d'une couverture sociale. Cette avancée est notable. Nous pourrons faire le point sur ce volet.

Concernant l'évolution du métier, je pense que les agricultrices elles-mêmes doivent communiquer sur ce sujet pour montrer qu'il peut aujourd'hui s'exercer dans des conditions de moindre pénibilité. La commission des agricultrices a conduit un travail auprès des constructeurs agricoles pour les alerter sur des systèmes d'attelage à l'utilisation plus simple. Nos demandes ont été entendues, ce qui rend également service aux agriculteurs. Les agricultrices doivent s'impliquer dans tous les organismes pour apporter leur contribution afin d'améliorer leur situation.

Notre avenir en agriculture passe par un revenu décent permettant de maintenir de l'activité sur l'exploitation. Les agricultrices appartiennent à une population fragilisée, souvent amenée à quitter l'exploitation en cas de crise grave. Ces situations peuvent être très difficiles à vivre au niveau de la famille. La question du revenu est donc primordiale. Un projet agricole est en outre un projet de vie. Nous nous y engageons pour des années. Il est important de montrer que ce métier est accessible, avec des garanties de revenus. Nous faisons face à des aléas économiques, climatiques, comme un chef d'entreprise. Notre activité demande une grande polyvalence. Nous y faisons de la gestion, de la commercialisation. Nous apportons de la diversité sur l'exploitation. Nous parlons de notre métier et contribuons à la création d'un nouveau lien avec le consommateur.

J'aimerais revenir sur le statut de conjoint-collaborateur, qui a évidemment permis d'avancer. Toutefois les retraites demeurent faibles. Nous insistons donc sur leur nécessaire revalorisation. Après l'avoir obtenue pour les carrières complètes, nous la demandons également pour les femmes ayant le statut de conjoint-collaborateur puisque son montant s'élève pour l'instant à 75 %.

Le métier d'agricultrice est un métier d'avenir et le renouvellement des générations d'exploitants sera un enjeu des prochaines années. Nous communiquons sur le sujet, dès que nous le pouvons, en intervenant dans les écoles, dès le primaire. Notre réseau organise une opération « fermes ouvertes » ; la crise Covid ne nous permettant pas de nous rendre directement dans les établissements scolaires, c'est la ferme qui vient à l'école dans le Maine-et-Loire. Nous allons rencontrer un millier d'élèves dans le département pour leur faire découvrir notre métier.

Je suis ravie de retrouver la délégation aux droits des femmes du Sénat car il me semble très important de revaloriser l'image des agricultrices, très impliquées dans la ruralité. Elles créent du lien dans leurs communes par le biais, entre autres, des écoles. Nous sommes toujours vigilantes quant à la question des statuts et du revenu, pour nous assurer un métier stable qui permet d'en vivre.

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