Tout à fait. À un moment donné, nous devons évoluer avec la société. Nous nous installons beaucoup plus tard. Que nous nous placions dans le domaine de l'agriculture ou dans un autre secteur, les jeunes suivent des études. Ils ne s'installent plus à 18 ou 20 ans, mais bien plus tard. Ils ont d'autres expériences, dans d'autres professions. À 40 ans, ils sont matures et peuvent réfléchir à un projet cohérent.
D'autre part, une femme de 40 ans sollicitant un prêt bancaire a de l'expérience et est relativement posée. Je ne dis pas que ce n'est pas le cas des jeunes, mais un banquier sera rassuré de voir une femme plus âgée - bien que nous ne soyons pas âgés à 40 ans ! Parler de jeune installé, ou de nouvel installé, pourrait à mon sens constituer une solution.
Certes, nous sommes tous reçus à la banque. Il est toutefois bien différent de demander un prêt et d'obtenir le montant souhaité. Le monde agricole nécessite d'importants investissements. L'achat d'un tracteur est très onéreux, de même que les installations agricoles de façon générale. Les normes exigées des exploitations sont très contraignantes. À 40 ans, nous avons déjà travaillé. Nous avons parfois une maison. Le banquier s'appuie sur ces garanties. C'est dommage car nous aimerions ne pas être démunies si notre projet venait à échouer.
J'aimerais également rebondir sur la question des retraites et celle du statut. La retraite est minime pour les conjointes-collaboratrices. Les périodes de congés parentaux ne sont pas contributives. Il faut que les périodes de congé parental comptent dans le calcul des retraites, afin d'éviter de nous retrouver en dessous du seuil de pauvreté. C'est le cas de certaines femmes. Il existe certes en France un dispositif permettant d'atteindre ce seuil. Cependant, ces sommes sont reprises sur les successions. Il est nécessaire de revaloriser les retraites de celles qui n'en ont pas au titre de droits propres. Je rejoins la personne ayant annoncé tout à l'heure qu'il fallait penser aux futures retraites, mais aussi aux femmes qui sont déjà à la retraite et vivent misérablement. C'est indécent pour des personnes qui travaillent dans l'élevage pour une moyenne de 70 heures par semaine. C'est ça, le métier des agriculteurs et agricultrices. Nous ne travaillons pas 35 heures par semaine ! Pourtant, les retraites demeurent misérables. Il est honteux de voir que des personnes ayant travaillé autant touchent des retraites si faibles. Voir des femmes remplir leur panier au Secours populaire ou aux Restos du coeur me fait honte alors qu'elles ont pourtant rempli le panier des consommateurs !