Intervention de Anne Gautier

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 3 juin 2021 : 1ère réunion
Table ronde sur le thème « être agricultrice en 2021 »

Anne Gautier, vice-présidente de la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (CCMSA), présidente de la Mutualité sociale agricole (MSA) Maine-et-Loire :

Merci Manon. Nous ne sommes pas en contradiction sur les statuts. J'apporterais un simple éclaircissement sur celui de conjoint-collaborateur. Les jeunes n'ont pas connu le vilain statut selon lequel nous n'étions que conjointes d'exploitant. Nous devons nous remettre dans ce contexte passé. Le statut de conjoint-collaborateur a constitué une marche indispensable pour arriver au statut de chef d'exploitation. Il n'est certes pas idéal, mais le conserver en tant que statut temporaire, limité dans le temps, me semble moins radical. Il répond encore à quelques situations que nous pouvons rencontrer. Il n'est en tout cas pas durable. Il n'est pas possible de passer une carrière complète en tant que conjoint-collaborateur. Cela ne me semble pas du tout être une bonne option. À l'époque, la mise en place du statut de conjoint-collaborateur avait constitué une réelle avancée. Vingt ans ont passé et il n'est peut-être plus tout à fait adapté, notamment en matière de droits et d'acquisition des droits à la retraire.

Je souhaite revenir sur la question de l'habitat principal. En effet, en raison des garanties auprès des banques, il est parfois possible de se retrouver dans des situations dramatiques. Je rappelle que l'habitation principale, après une démarche auprès du notaire, peut devenir incessible aux créanciers, de manière à ne pas se retrouver sans domicile. Surtout, lorsque vous souscrivez un prêt, votre maison principale ne peut vous être saisie si vous faites cette démarche. C'est indispensable.

Concernant l'ASPA, je pense que nous avons un vrai problème culturel dans ce pays. Nous sommes une société plutôt patrimoniale. Nous voyons encore des personnes ayant constitué un patrimoine, lorsqu'elles ont eu les moyens de le faire, ayant fait en sorte de payer assez peu de cotisations MSA. Ce patrimoine était censé permettre de bénéficier d'un complément de revenu à la retraite. Certains ne veulent pas y toucher et vivent une vraie galère. Ils sont retraités, et touchent des sommes extrêmement faibles, alors qu'ils pourraient disposer de ressources complémentaires. Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi ces gens se sacrifient alors qu'ils ont passé leur vie à construire un patrimoine, sans en profiter à l'heure de la retraite ! Parfois, ils le conservent et demandent l'ASPA. En contrepartie, ils pourraient obtenir un retour sur leurs biens à leur décès, hors terres agricoles, procédure en réalité assez peu mise en oeuvre. Je pense que nous faisons face à un problème culturel, la société française étant construite sur des valeurs patrimoniales. Dans d'autres pays, vous n'êtes jamais propriétaires. Vous êtes simplement de passage, sur un modèle de location à long terme. Notre société n'est pas construite ainsi !

Petit clin d'oeil à la personne qui défendait l'écriture inclusive. J'estime personnellement qu'elle apporte plus de problèmes que de solutions. Je vais sans doute me faire quelques ennemis autour de la table. Je suis une femme, et lorsque je vois un « (e) » en fin de phrase, je ne me considère pas être une parenthèse ! Je pense que la langue française est déjà suffisamment compliquée à apprendre pour nos enfants. Au vu du niveau global de l'enseignement dans notre pays, je ne sais pas s'il est raisonnable de faire de l'écriture inclusive notre premier combat.

Merci de votre écoute.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion