Je compléterai les propos que j'ai déjà exprimés. Le ministère de l'agriculture se félicite de l'aboutissement de la réforme du congé maternité, particulièrement adaptée aux attentes des agricultrices. Il est désormais important de continuer à travailler sur le service de remplacement afin de lever les derniers freins identifiés : la difficulté de trouver des remplaçants compétents, disponibles pour tous les types d'activité sur l'exploitation, l'accompagnement des femmes très tôt dans leur maternité ; l'information sur les droits existants. Certaines caisses départementales de la MSA ont mis des initiatives en place. Il nous semble nécessaire de les étendre et de les rendre plus fréquentes partout.
Certaines femmes sont salariées au service de remplacement. Ce passage pourrait être valorisé. Nous avons en effet constaté qu'il s'agissait d'une excellente expérience, qui conduit parfois les femmes à trouver le lieu où elles pourront s'installer, ou leurs futurs partenaires. Nous pourrions donc encourager plus de jeunes femmes à rejoindre ce service afin d'acquérir de l'expérience et ainsi de s'installer plus facilement.
Je précise que les attentes vis-à-vis du service de remplacement ont largement évolué. Nous constatons une demande beaucoup plus importante pour un remplacement de temps libre et de congés. Il serait intéressant d'engager une réflexion quant à l'utilisation de facilités de remplacement pour participer à des formations ou à des réunions, permettant aux femmes de s'autoriser ce qu'elles se refusent souvent à faire tant qu'il y a de jeunes enfants à la maison. Nous constatons en effet que dans cette catégorie socioprofessionnelle, les femmes se chargent encore majoritairement des tâches ménagères et des enfants, voire des personnes âgées, y compris dans les générations les plus jeunes. Nous devons faire bouger les lignes sur ce point, comme nous nous y attachons pour tous les autres types de métiers. Nous devrons aider les femmes à faire garder leurs enfants à l'âge où elles sont capables de se former et de participer à des réseaux. Ceux-ci leur permettent de s'encourager entre elles. Les agricultrices doivent être encouragées à faire plus de mentorat ou de parrainage, pour avancer dans leur métier et pour rencontrer du monde. Nous ne l'avons pas assez souligné, mais ce métier a pour particularité un certain isolement. L'échange avec des collègues installés ou travaillant dans l'agriculture, mais aussi avec d'autres femmes, est important. Les échanges concernant les enfants ou la vie sociale sont enrichissants, y compris pour l'exploitation.
Nous constatons également que, malheureusement, les enjeux d'égalité débordent largement de la sphère professionnelle pour toucher directement la cellule familiale. Nous recevons de nombreux témoignages concernant les transmissions patrimoniales. Les discriminations persistent. Le garçon sera toujours prioritaire pour l'héritage et l'accès au foncier. Là encore, nous nous évertuons à faire évoluer ces références culturelles dans l'enseignement agricole. Vous avez raison de souligner que nous devrions le faire plus tôt, dès l'école primaire. Le ministère de l'éducation nationale a évidemment rédigé une feuille de route pour faire reculer ces stéréotypes auprès des jeunes enfants. L'égalité réelle et l'accès à un travail facilité ainsi qu'à une rémunération correcte en résulteront pour les femmes dans l'agriculture comme pour toutes les autres catégories socioprofessionnelles.