Pour répondre à la question de Madame Jourda, s'agissant de l'impact sur les réservistes, je mentionnerai simplement que l'augmentation de la réserve en police nationale nous permet de renforcer le lien avec nos concitoyens.
Vous nous avez interrogés sur la façon dont on comptabilise les bassins de délinquance. Nous avons beaucoup modifié nos indicateurs, qui restent perfectibles car assez technocratiques, mais ils nous permettent d'avoir une idée des « effectifs de référence ». Ces indicateurs nous permettent d'évaluer les charges dans les différents territoires dans lesquels nous oeuvrons. Toutefois, ces indicateurs ne veulent rien dire si on ne les confronte pas au sentiment de nos concitoyens, relayé par les élus, et aux observations du préfet, qui reste le meilleur connaisseur de ces notions sur la situation dans chacun de ces territoires. Une fois que nous nous serons mis d'accord avec la direction générale de la gendarmerie nationale sur des critères et certains territoires, il faudra les faire valider à l'échelon local. Ce dernier, sous l'impulsion du préfet, peut également être force de proposition pour suggérer des modifications auxquelles nous n'avons pas nécessairement pensé au sein de l'administration centrale, et nous sommes à son écoute.
S'agissant du recrutement et de fidélisation, la question est très importante pour la police nationale. Nous ne devons pas recruter que des policiers, mais il nous faut également recruter des gendarmes et des contractuels. L'un de nos enjeux est le recrutement de scientifiques. La gendarmerie nationale a pris de l'avance sur les systèmes d'information et d'ingénierie. Nous comptons beaucoup sur nos capacités à recruter ces scientifiques.
S'agissant de l'inquiétude sur les dépenses hors titre 2, la police nationale fait tout pour contrer cette tendance relevée à plusieurs reprises par la Cour des comptes. Nous avons réussi, au cours du dernier exercice, à endiguer légèrement la tendance sur les dépenses de titre 2, et à renforcer nos dépenses hors des dépenses de personnel, notamment pour répondre aux besoins en équipements, tels que les véhicules. La vie quotidienne des policiers est compliquée, nous devons être vigilants à ce type de dépenses.
Monsieur le rapporteur général, pour vous répondre sur la question des chefs-lieux, la police nationale estime qu'elle doit être présente dans tous les départements, dès lors que l'existence de deux forces n'est pas contestée. Les départements sont une échelle administrative essentielle dans notre dispositif. La première raison est opérationnelle : la police nationale correspond à la sécurité publique, mais aussi à la police aux frontières, aux compagnies républicaines, et à la police judiciaire. Ces compétences nécessitent une connaissance précise des territoires. La deuxième raison est que la police nationale doit être à l'image de notre société, nous avons besoin de recruter dans tous les territoires, et non pas uniquement dans les territoires urbains. Enfin, le renseignement territorial est une force commune à la police et à la gendarmerie, et pour qu'il soit efficace, il doit être commun.
Pour les violences intra-familiales, et notamment les violences dont les forces de sécurité intérieure sont victimes, la police nationale s'est dotée en août 2020 d'un groupe d'assistance aux policiers victimes. Il s'agit d'une unité appréciée par les policiers, et qui permet de répondre aux situations de détresse au sein des familles et au sein des couples.
Monsieur Requier, le sujet de la formation des maîtres-chiens, et plus précisément de la dualité entre Cannes-Ecluse et Gramat, est bien connu de la police et de la gendarmerie nationales. Nous ne sommes pas sur des doctrines et des pratiques diamétralement opposées. Ainsi, s'agissant des stupéfiants, la police nationale va se rapprocher de la gendarmerie nationale sur la méthode de formation, à la demande du ministre de l'intérieur. Faut-il un seul centre de formation ? Les deux maisons sont attachées à leur méthode de formation et d'encadrement. Une mutualisation pure et simple reste à ce jour difficile à envisager, qu'il s'agisse de la formation des maîtres-chiens ou des motocyclistes, mais nous avons des marges de progression.
Concernant la mesure des « trous » d'effectifs, nous avons aujourd'hui une mesure des effectifs plus précise qu'auparavant. Elle nous permet d'identifier des besoins, mais aussi, dans certaines territoires, des effectifs trop nombreux. Nous arrivons à peu près à lisser cette répartition, même si des difficultés subsistent dans certains territoires. Nous avons ainsi du mal à recruter dans l'est de la France. Nous avons du mal à y recruter, mais nous essayons de faire valoir les possibilités qu'offre la police nationale dans ces territoires. Nous n'avons pas d'autres possibilités dans l'immédiat, mais nous essayons de valoriser toutes les carrières dans la police nationale, comme celle de policier adjoint. Enfin, la montée en puissance de l'échelon zonal en sécurité publique, nous permet aujourd'hui de renforcer les circonscriptions en cas de difficultés ponctuelles, en cas de crise, ou plus pérenne, pour faire face à des sujets de recrutement.