Intervention de Benoît Tabaka

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 23 juin 2021 à 9h35
Audition de Mm. Sébastien Missoffe vice-président directeur général benoît tabaka directeur des relations institutionnelles et des politiques publiques de google france anton'maria battesti responsable des affaires publiques et martin signoux chargé des affaires publiques de facebook france

Benoît Tabaka, directeur des relations institutionnelles et des politiques publiques de Google France :

S'agissant de l'évolution des modèles, celui de la publicité est en train de profondément se modifier. Les cookies, ces petits fichiers qui s'installent sur votre ordinateur et qui permettent aux différents acteurs de la publicité de récupérer un certain nombre d'informations afin de mieux personnaliser la publicité, vont progressivement disparaître. Google a annoncé qu'il arrêterait de supporter le tracking publicitaire sur la base de cookies, ne ferait plus de tracking individuel et adopterait une autre logique.

La publicité personnalisée existera toujours, car elle permet de générer des revenus additionnels pour les éditeurs de presse et différents sites internet, mais aussi d'éviter aux utilisateurs d'être harcelés par la même publicité. Il ne faut plus que ce suivi s'exerce sur la personne. Le monde entier est en train d'imaginer, avec l'ensemble des acteurs de la publicité, les solutions que l'on peut adopter. Dans les 12 à 24 prochains mois, ce mécanisme disparaîtra progressivement d'Internet.

Le document que vous évoquiez, madame Morin-Desailly, date de septembre-octobre. Il remonte avant la publication par la Commission européenne de ses projets de réglementations sur la régulation du numérique - le DSA et le DMA. On ne savait pas comment ces régulations allaient se présenter. On avait vu apparaître énormément de propositions de la part de toutes les parties prenantes, poussant pour que ces régulations visent nominativement un petit nombre d'acteurs, dont Google.

Quand le texte a été publié, ainsi que Sundar Pichai l'a expliqué au commissaire européen Thierry Breton, nous avons été rassurés par le fait que la Commission européenne souhaitait des règles destinées à renforcer la lutte contre les contenus problématiques et s'appliquant transversalement à différentes entreprises, sans tenir compte de leurs origines, leur nationalité ou leur nom.

Depuis, nous nous sommes fortement engagés avec les régulateurs français qui travaillent sur la préparation de ces deux textes. Nous avons des réunions très régulières, nous partageons nos réflexions et nos propositions et avons des échanges collatéraux pour voir comment avancer.

Quant à la question de l'opacité et de la supervision des algorithmes, on oublie le rôle du CSA, qui tient ses pouvoirs de la loi en matière de lutte contre la désinformation. Nous remettons chaque année un rapport au CSA. Nous avons des réunions régulières avec ses membres. J'ai une pensée particulière pour Michèle Léridon qui, au sein du CSA, portait le sujet. Un travail à ce sujet a été fait et un rapport a été rédigé par le CSA sur les algorithmes de recommandations de YouTube par exemple, faisant écho à la question des fake news. Le PEReN est l'un des autres acteurs de cet univers avec lequel nous échangeons.

Pour ce qui est des fake news, l'approche de Google et YouTube est très claire : ces contenus n'ont pas vocation à être présents sur la plateforme. Nous agissons de trois façons. En premier lieu, nous retirons les contenus illégaux, qui n'ont pas vocation à être sur notre plateforme. Lorsqu'on les détecte, nous les supprimons.

En second lieu, les contenus qui posent problème sans être illégaux peuvent être également retirés. Certains contenus sont « gris », un peu « à la frontière ». On ne sait pas comment les traiter. Ils ne sont pas illégaux. On ne peut avoir d'action forte à leur encontre. On va donc les faire disparaître, en réduire la visibilité et la viralité.

Enfin, nous faisons remonter un certain nombre de contenus que l'on définit comme « faisant autorité ». Par exemple, si vous cherchez aujourd'hui des informations sur le Covid, les premiers résultats que vous trouverez dans YouTube seront des vidéos de France 24, du journal Le Monde, des informations du Gouvernement. Nous pensons que, sur un grand nombre de sujets, il faut d'abord privilégier ce type de sources.

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