Je suis d'accord avec Roger Karoutchi, il y a là une occasion manquée, un exercice obligé et peut être même un goût d'inachevé. Nous sommes tous d'accord sur le constat. Le Gouvernement a essayé de réformer au début, avec le succès que l'on sait : souvenez-vous de la taxe carbone et de la colère sociale qui a suivi, bloquant toute initiative. Puis la crise sanitaire est arrivée. Finalement, peu de réformes ont été réalisées. La réflexion sur les recettes et les dépenses n'a pas avancé. On voit que le débat portera surtout sur la création de nouvelles recettes, venues de l'extérieur, grâce aux échanges mondiaux. Mais on ne pourra pas continuer longtemps cette politique de l'autruche, en refusant de s'interroger sur nos choix et sur nos arbitrages.
Jean-François Rapin, la France recevra 40 milliards d'euros de l'Europe au titre du plan de relance sous forme de subventions : cela n'accroît pas notre dette, car c'est l'Union européenne qui s'endette, mais il est vrai que la contribution nette de la France au budget européen augmentera.
Rémi Féraud, je ne sais pas s'il s'agit d'un « quinquennat pour rien » ; la pandémie a joué. Il n'en demeure pas moins toutefois que la situation relative des pays européens au regard des grands indicateurs économiques et financiers a peu évolué, et que les termes du débat ont, finalement, peu changé.
La réforme des retraites est avant tout une question de démographie et d'économie : la France, avec son système de protection sociale, dépense beaucoup pour les premières années de la vie et pour les retraites ; elle devra encore accroître ses dépenses en raison du vieillissement de la population et pour financer la perte d'autonomie. Peu de choses ont changé depuis 2009. Chacun est d'accord pour dépenser plus afin de prendre en charge la dépendance, mais nul n'est d'accord sur le financement, la répartition entre le public et le privé, etc. La France n'est pas non plus la mieux placée en Europe en termes de temps de travail pendant la vie active et de création de richesses. Nous devons déterminer le taux de retraite par rapport au salaire que nous souhaitons, ainsi que le montant des dépenses sociales.
Oui, Pascal Savoldelli, nous ne pouvons qu'être frustrés par la portée politique, limitée, du débat. Il convient de prendre la mesure de l'insatisfaction des Français. La situation est préoccupante : ils réclament davantage de proximité, mais l'abstention n'a jamais été aussi élevée pour des élections locales...
Le débat sur les recettes et les dépenses sera au coeur de l'élection présidentielle. Nous devrons expliquer les enjeux avec lucidité et vérité, autrement nous devrons craindre une sanction des électeurs, qu'ils s'abstiennent massivement ou expriment leur ras-le-bol d'une manière ou d'une autre : après le ras-le-bol fiscal, on sent poindre désormais un ras-le-bol électoral, ce qui n'est jamais bon en démocratie...
Il est temps que l'État et les collectivités territoriales cessent de se renvoyer la balle. Il est faux de dire que la dette provient d'une mauvaise gestion des collectivités. Nul ne gagnera à ces accusations. Quant à l'égalité entre les hommes et les femmes, je jugerai sur pièces, je me méfie des effets d'annonces : il est ainsi beaucoup question de verdissement du budget, mais l'écart est grand entre le vert foncé annoncé et vert pâle des réalisations.