Les autorités russes ont tardé à transmettre l'ensemble des informations nécessaire à l'évaluation de Spoutnik. L'autorisation aurait pu être donnée en juin mais toute la documentation scientifique n'a pas été fournie et l'examen du vaccin se prolonge. L'Europe n'a aucune volonté dilatoire, politique ou scientifique. L'expertise se fonde sur des documents, comme pour les autres vaccins. L'autorisation ne devrait pas être donnée avant le mois de septembre. Une fois que ce vaccin aura été autorisé, il faudra qu'il soit produit. Dans les deux pays européens qui ont recours à ce vaccin, la Hongrie et la Slovaquie, son utilisation est significative mais reste minoritaire par rapport aux vaccins livrés dans le cadre de l'Union européenne. La Slovaquie a passé un contrat de deux millions de doses mais n'en a reçu que 200 000. J'en profite pour préciser que la Russie n'a livré que 2 % des doses vendues à travers le monde, soit moins de 20 millions sur 800.
Le dernier point débattu dans ce cadre sanitaire portait justement sur les questions de solidarité internationale. L'Europe reste le premier exportateur et le premier donateur de vaccins au titre du système Covax. Elle sera peut-être, je l'espère, rattrapée dans les prochaines semaines par les États-Unis. Nous avons donné 90 millions de doses dans le cadre du mécanisme Covax et nous en avons exporté environ 300 millions. C'est notre intérêt puisque nous sommes tous victimes des variants qui se développent parce que la vaccination prend beaucoup plus de temps dans les pays qui ont moins de moyens financiers. Nous renforcerons nos efforts de solidarité internationale d'ici la fin de l'année avec la livraison d'au moins 500 millions de doses.
Pour répondre à votre question sur l'Allemagne, la Chancelière a évoqué le cas britannique. Elle n'a pas demandé que l'Europe adopte des mesures identiques mais elle a fait part de son inquiétude. Depuis le mois de mai, l'Allemagne applique une quarantaine aux voyageurs venant du Royaume-Uni mais elle n'interdit pas l'entrée des Britanniques sur son territoire. Quant à la France, la circulation du variant est la seule raison pour laquelle le Royaume-Uni est en zone orange. Les personnes vaccinées ont l'obligation de présenter un test à l'entrée sur le territoire et les personnes non vaccinées doivent avoir un motif impérieux pour voyager. Si la circulation du variant devait s'accentuer, nous pourrions de nouveau classer le Royaume-Uni en zone rouge.
Un sommet de la zone euro s'est tenu le vendredi matin. Il a abordé les premières orientations d'après-crise mais n'a pas donné lieu à décisions. Il a rappelé que des sujets comme l'Union bancaire seraient au menu des prochaines échéances. Il a également permis de faire un point sur les plans de relance. La Commission européenne a procédé à sa première émission de dettes au mois de juin après la ratification par les parlements des 27 États membres. Cette levée de dettes a été un succès. C'est un gage de confiance dans l'endettement et l'investissement européens puisque la demande des investisseurs a été 7 fois supérieure à l'offre. Le taux de cette émission s'est situé entre les taux souverains français et allemand. La Commission a validé les premiers plans nationaux la semaine dernière, dont le plan français, et la validation des ministres des finances est attendue dans les prochains jours. Les premiers décaissements sont ainsi prévus au mois de juillet. Pour France, la première tranche devrait s'élever à environ 5 milliards d'euros.
Enfin, le Président de la République a de nouveau évoqué l'idée, au-delà de cette relance d'un montant global de 750 milliards d'euros, d'un plan d'investissements de long terme, ciblé sur les secteurs stratégiques, comme le font les Américains en matière de microprocesseurs, de semi-conducteurs, de technologies vertes ou d'autres secteurs d'avenir. Nous aurons ce débat dans les prochains mois, probablement au cours de la présidence française de l'Union européenne et quand le nouveau gouvernement allemand sera installé.