Je ne veux pas citer de chiffre mais je peux vous fournir des éléments à l'issue de l'audition sur des simulations de taux acceptables pour la France. La dernière proposition de l'Allemagne, au-delà de 30, n'était pas acceptable.
Sur la résilience et les leçons que nous tirons de la pandémie, le rapport de la Commission européenne reste assez général sur ce que devrait être une Europe de la santé et sur le concept de résilience post-crise. Trois domaines me semblent prioritaires : les données, les équipements et la recherche médicale.
Nous n'avons aucune base de données commune. Ainsi, nous ne savons pas comparer la situation sanitaire d'un pays européen par rapport à un autre alors que c'est très important pour les outils de réponse à la crise. Si nous ne disposons pas de classification commune des zones à risques à l'intérieur de l'Europe, il est impossible de déployer des mesures coordonnées d'autorisation ou d'interdiction de voyage, d'ouverture ou de fermeture des frontières. Nous avons besoin d'un outil de pilotage et d'un mécanisme sérieux de partage de l'information en matière sanitaire. La crise a montré les flagrantes carences du Centre for Disease Control (CDC) européen tel qu'il existe aujourd'hui. Cela implique également de bousculer notre propre bureaucratie pour que nous puissions communiquer des données fiables en matière de situation sanitaire, ce qui n'est pas l'habitude de toutes les administrations nationales.
Sur les équipements, j'ai évoqué le modèle existant en matière de sécurité civile qui avait été porté par Michel Barnier quand il était commissaire et qui fonctionne bien, par exemple avec la mutualisation des moyens de lutte contre les incendies. Nous devons adopter le même modèle en matière sanitaire et nous avons commencé à le faire entre les deux vagues de l'épidémie. L'Europe doit disposer d'une réserve d'équipements médicaux, de tests, de blouses, de gants, de respirateurs pour faire face à une crise, être indépendante et éviter la compétition que nous avons connue au début de la crise.
Enfin, pour être capables de répondre à une future crise sanitaire, nous devons encourager la recherche. Nous avons manqué de capacités d'innovation et de prise de risque. La vraie différence avec les États-Unis ne réside pas dans la négociation des contrats ou les quantités de doses commandées. Les Américains, via la BARDA, ont été capables de mobiliser, dès le mois de mars 2020, 15 milliards de dollars pour financer la dernière phase de développement de vaccins à ARN messager. Ils ont pris beaucoup plus de risques que les pays européens. L'Europe a besoin d'une agence qui ait la capacité de financer en urgence des recherches médicales. Seules, la France, l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne n'ont pas les moyens de le faire. La Commission européenne a proposé la mise en place d'HERA sur le modèle de la BARDA mais ce projet est trop petit, doté de seulement 150 à 200 millions d'euros et avance trop lentement. Comme le Président de la République l'a annoncé hier, nous devons investir beaucoup plus au niveau national et au niveau européen dans la recherche médicale et l'innovation.
C'est par l'innovation et le soutien à notre industrie pharmaceutique qu'au-delà de la Covid et des traitements les plus innovants, nous développerons notre résilience et réduirons notre dépendance. Nous avons besoin de retrouver notre capacité de production sur les produits les plus basiques comme le paracétamol. La crise nous a appris que la première condition de notre souveraineté et de notre autonomie stratégique était notre capacité à produire.
Ce point de l'ordre du jour a fait l'objet d'une captation vidéo qui est disponible en ligne sur le site du Sénat.
La réunion est close à 15 heures 55.