Loin de moi l'idée de critiquer les réseaux sociaux : nous sommes au 21è siècle, c'est un outil que, nous-mêmes, adultes, utilisons. Mais j'ai quelques problèmes de fond. Vous nous dites que c'est interdit au moins de 13 ans ou de 16 ans. Comment le vérifiez-vous, concrètement ? Rien ne permet de le savoir !
J'entends votre volonté de participer à cette lutte contre le harcèlement. J'ai enseigné dans le lycée où était scolarisée la petite Alisha, retrouvée dans la Seine à Argenteuil. Je sais de quoi je parle : je peux vous assurer que l'équipe éducative ne s'en est toujours pas remise. Ce harcèlement, ces menaces entre les jeunes sont très problématiques car ces enfants ne maîtrisent pas toujours que celui qui est harcelé est victime, peut aller jusqu'à se suicider ou être menacé à mort.
Je connais mieux Facebook. Sur ces réseaux, on ne sait pas à qui on a affaire. À partir du moment où vous avez des pseudos et des faux comptes, le problème du harcèlement est insoluble. Je suis fréquemment menacée par Momo du 9-3. Des comptes sont créés spécialement pour harceler et pour insulter. Quand vous remontez le compte, il n'y a rien. Cela ne m'atteint pas car je suis adulte et je sais le gérer, mais dans le cadre du harcèlement entre adolescents, c'est très dangereux. À partir du moment où on accepte, sur ces réseaux, de laisser un utilisateur faire ce qu'il veut avec des pseudos parce qu'on ne peut pas le retrouver, se pose une difficulté majeure. Vous n'avez aucun critère permettant de vérifier sa réelle identité.
On n'a pas toujours les outils pour dire à ses parents ou à ses copains qu'on est harcelé. Comment peut-on interdire les pseudos, cet anonymat permanent qui donne cette légèreté, que certains jeunes ne maîtrisent pas, d'aller menacer tout le monde sans rien craindre ? Je ne remets pas en cause ce que vous essayez de faire, mais ce sujet est la clé, à mon avis.