L'anonymat sur internet est effectivement un autre grand sujet. Tout à l'heure, je vous disais que le modèle d'affaire est fondamental. Si, dès le premier jour, l'application a été créée de façon bienveillante ou vertueuse, cela change tout. C'est pour ça que je suis à l'aise avec Snapchat. Il est très difficile de s'agréger de nouveaux amis sur cette application, car les groupes sont limités. Pour qu'il y ait harcèlement, il suffit qu'une personne sur les 31 agisse mal, je suis d'accord, mais c'est limité.
J'en reviens à cette notion de viralité, qui fait qu'une personne peut ou pas agresser quelqu'un. La notion d'identité réelle est beaucoup plus prégnante dans certaines plateformes que d'autres.
Au-delà de l'anonymat, la première étape est d'éduquer. C'est la tarte à la crème des plateformes mais il faut le mettre en place. Le code de l'éducation a été peu modifié. Il faut mettre, comme au Royaume-Uni, de façon obligatoire dès le collège, des cours d'enseignement aux contenus illicites en ligne, car ces jeunes gens n'ont aucune idée de ce qu'ils font. Je ne parle même pas du procès « Mila ». Ce sont des jeunes gens banals qui n'ont pas conscience de l'impact de leur parole et qui se pensent protégés parce que c'est anonyme. Au Royaume-Uni, cet enseignement est adossé au cours d'éducation sexuelle. Cela pourrait être obligatoire. Je donne régulièrement des interventions dans les collèges et lycées mais c'est sur la base du volontariat et mal organisé. C'est fondamental car, en plus, les parents sont dépassés et ne sont pas là pour aider lorsqu'un problème survient.
Par ailleurs, vous savez peut-être que l'ancien brevet informatique et internet (B2i) a été remplacé par le certificat Pix. Il faudrait également le systématiser et le rendre presque obligatoire.
Le dernier point est de former les formateurs, c'est-à-dire les professeurs, qui n'ont aucune idée de comment gérer cela. Il faut développer une éthique et un code de bonne conduite du numérique. Nous sommes heureux, comme plateformes, d'être associés à vous. On connaît nos jeunes : l'enseignement doit être presque obligatoire. Il faut arrêter de proposer cela de façon facultative. Il faut que les gouvernements s'occupent de réformer cela.