Vous avez signalé un point très important : ce que j'appelle les « critères de vanité ». C'est la course à l'échalote en ligne, où des gens qui veulent des « likes », des commentaires, veulent être les plus beaux, avoir leur quart d'heure de gloire à la Andy Warhol. Cela est lié à l'économie de l'attention sur laquelle e-Enfance travaille beaucoup. C'est pour ça que chez Snapchat, il n'y a pas de commentaire.
Au moment où on crée une plateforme, il faut savoir ce qu'on y cherche. Agir après, c'est trop tard : c'est seulement cosmétique. Cette viralité et ces critères de vanité sont une des choses qui font que le harcèlement et le cyberharcèlement peuvent être décuplés et donc très dangereux. Comme vous dites, une superstar, dans son collège, avec plein de « followers », peut faire ce qu'il veut. C'est dangereux. Il faut vraiment les bannir.
Sur la question de la pièce d'identité pour prouver l'âge, j'en reviens à mon débat sur les chaînes de valeur. On a beaucoup suivi ce qui s'est passé au Royaume-Uni où ils ont voulu, avec le British Classification Board, mettre en place une carte bancaire pour contrôler l'âge en ligne. Cela a été un échec total. Ils ont pensé à la carte d'identité : cela pose un problème de vie privée. Les enfants peuvent, en plus, piquer celle de leurs parents.
Il y a plein de solutions. Je suis convaincu que la bonne solution est la chaîne de valeur.
On peut aussi imaginer des « tokens » avec un certificat qu'on peut télécharger pour prouver vraiment son âge, mais c'est très lourdement gérable. Le plus simple, c'est la carte d'identité et la carte bancaire mais les Anglais ont montré que c'était un échec. Le Gouvernement avait lancé une mission sur le sujet et en est arrivé à la même conclusion.