Intervention de Sabine Van Heghe

Mission d'information sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement — Réunion du 24 juin 2021 à 10h30
Méthodes innovantes de lutte contre la violence en milieu scolaire — Audition de Mm. Jean-Pierre Bellon membre du comité d'experts contre le harcèlement au sein du ministère de l'éducation nationale et le docteur nicole catheline pédopsychiatre spécialiste des rapports entre enfant et école

Photo de Sabine Van HegheSabine Van Heghe, présidente :

Comme vous le savez, nos auditions nous conduisent à nous intéresser au harcèlement scolaire et à sa dimension « cyber », phénomène dont vous êtes des spécialistes et acteurs de premier plan.

Permettez-moi de vous remercier très vivement pour votre présence et d'excuser M. Éric Debarbieux, ancien président-fondateur de l'Observatoire international de la violence à l'école, qui n'a pas pu nous rejoindre ce matin. Nous le rencontrerons prochainement.

Monsieur Jean-Pierre Bellon, vous êtes professeur de philosophie. Vous avez été l'un des pionniers de la lutte contre le harcèlement scolaire en France, tant par vos recherches que par votre action, notamment en faveur de l'introduction de la méthode de la préoccupation partagée.

Madame Nicole Catheline, vous êtes pédopsychiatre et spécialiste de la scolarité, et notamment du harcèlement scolaire. Vous avez publié de nombreux livres et articles, ainsi qu'un « Que sais-je » sur le sujet.

Vos approches respectives et complémentaires nous seront essentielles.

Depuis déjà près d'un mois, nos travaux et déplacements sur le terrain nous ont montré que le phénomène du harcèlement en milieu scolaire est, depuis une dizaine d'années, reconnu et pour partie traité par les politiques publiques. Néanmoins, sa dimension « cyber » en a radicalement changé la nature, la portée et les conséquences, qui peuvent être dramatiques sur les élèves. Le harcèlement tend alors à se disséminer, à se réfugier derrière un anonymat qui en démultiplie les conséquences dévastatrices. Il ne s'arrête plus aux portes de l'école, du collège ou du lycée, mais crée un continuum qui ignore les lieux, les horaires et l'intime de la vie familiale. Il nie le droit à la différence. Pire, il le stigmatise de façon inadmissible et surtout illégale. Il est alors indispensable d'agir immédiatement pour endiguer ces tsunamis de haine et de violence. Ainsi, de façon positive, nous pourrons valoriser notre vouloir vivre ensemble et faire en sorte de préserver les lieux de vie scolaire.

Si le harcèlement débute toujours dans un établissement scolaire - on parle ainsi plus précisément de harcèlement en milieu scolaire -, sa prise en compte et sa résolution ne peuvent se faire dans le seul cadre de l'établissement d'enseignement. La réussite de la lutte contre ce fléau passe par la mobilisation d'un réseau efficace qui vient épauler et soutenir les victimes et leurs parents.

Face à cette « violence en meute », des initiatives ont pu être prises pour favoriser l'empathie, pour libérer la parole des enfants et construire une relation durable de confiance avec les adultes.

Au-delà des politiques publiques ou des poursuites judiciaires - car il ne peut y avoir de tolérance face à des tels comportements illégaux -, c'est une culture du temps et de l'écoute qu'il faut développer. Il est nécessaire, comme notre récent déplacement en collège l'a souligné, de créer pour les élèves un environnement rassurant. Cette tâche est rendue complexe lorsque les adultes et les parents montrent le mauvais exemple dans leur propre pratique des réseaux ou refusent de s'impliquer dans leur rôle d'éducation de leurs enfants.

Je vous remercie pour la contribution que vous allez apporter à nos travaux, dont l'objectif est d'aboutir, à la mi-septembre, à des conclusions opérationnelles en nous appuyant sur l'ensemble des parties concernées.

Je vous propose donc de nous présenter, chacun votre tour, votre approche du phénomène, sur la base de vos travaux de recherche et de votre expérience.

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