Je ne reviendrai pas sur l'action de l'Agence en 2020 ou sur la loi votée récemment au Sénat. L'actualité, c'est en particulier les Jeux olympiques, ceux à venir comme ceux de Tokyo. En ce qui concerne la lutte antidopage, quel regard portez-vous sur ce qui s'est passé à Tokyo ? Il y a eu peu de contrôles positifs malgré un nombre de contrôles bien supérieur à la précédente édition, que ce soit avant ou pendant les épreuves, puisqu'on est passé de 1 500 à 25 000 contrôles effectués par l'ITA, autorité totalement indépendante du CIO. Quelles évolutions est-on en droit d'attendre en matière de lutte antidopage dans des compétitions internationales de ce type ?
Une deuxième question récurrente est celle des autorisations à usage thérapeutique (AUT). Certains sont favorables à leur suppression pure et simple. Ne faudrait-il pas, plutôt, mieux les encadrer ? Le bon sens est tout de même de reconnaître que, blessé ou malade, il est difficile de participer à des compétitions internationales... On a observé des situations aberrantes : aux Jeux olympiques d'hiver, 70 % des membres de la délégation norvégienne étaient munis d'AUT !
Les fédérations sportives sont appelées à jouer un rôle important en matière de prévention et d'éducation. Pourtant, elles semblent plutôt s'être désengagées, au fur et à mesure que l'AFLD émergeait. Comment travaillez-vous au quotidien avec les fédérations sur cette problématique ?
Le renforcement des pouvoirs d'enquête de l'AFLD nécessitera plus de moyens humains, notamment en nombre d'enquêteurs. Avez-vous évalué le nombre d'emplois supplémentaires nécessaires ? Êtes-vous en mesure d'obtenir le détachement de personnels indispensables de la part des ministères régaliens concernés ?
Vous l'avez dit, la ministre des sports va intégrer le comité exécutif de l'AMA à compter du 1er janvier prochain et pour trois ans. Selon vous, quelles actions la France devrait-elle prioritairement porter dans ce cadre ?
Enfin, au niveau budgétaire, doit-on s'attendre à une dotation stable en 2022, sachant que le champ des missions de l'Agence n'a cessé - comme nous l'avions souhaité - de progresser ? Dès 2009, nous avions évoqué l'intérêt d'une programmation pluriannuelle avec l'État. Avez-vous le sentiment que cette programmation va se concrétiser prochainement ? L'AMA alloue 1,02 million d'euros à l'Agence pour 2021. Ces moyens sont-ils stabilisés ?
Je terminerai par une question quelque peu taboue, en évoquant, au-delà de la prévention, du contrôle et la sanction, tout ce qui se passe en amont de la consommation du produit interdit. Je pense à la production des produits dopants, à leur commercialisation, aux circuits d'approvisionnement, sans oublier le rôle de certains médecins et de certains préparateurs physiques. C'est ce que vous avez appelé fort justement les preuves non objectives de la lutte antidopage. Avez-vous le sentiment que l'accent est suffisamment mis sur cette dimension ? Dans les années 1990, un groupe de pharmacies dans deux arrondissements parisiens s'était spécialisé dans l'approvisionnement en anabolisants. L'Ordre des pharmaciens est très volontaire dans la lutte antidopage, ce qui n'est pas toujours le cas, il faut le reconnaître, de l'Ordre des médecins. Il ne faut pas non plus négliger le rôle des sportifs repentis, qui semblerait se réduire, alors qu'ils sont essentiels à la connaissance de ce phénomène.