Intervention de Philippe Mouiller

Commission des affaires sociales — Réunion du 22 septembre 2021 à 9h30
Audition de Mme Le Professeur dominique le guludec présidente de la haute autorité de santé

Photo de Philippe MouillerPhilippe Mouiller :

Comment voyez-vous l'articulation entre la poursuite de la vaccination contre la covid et l'ouverture de la campagne de vaccination contre la grippe ? La communication doit-elle être commune ? Peut-on vacciner en même temps le bras gauche et le bras droit ?

Vous avez évoqué certaines réformes concernant les pratiques. La réforme Serafin-PH est en cours en ce qui concerne le handicap. Le dispositif doit intégrer les préconisations de la HAS. Comment cela se passe-t-il ?

Pr Dominique Le Guludec. - Mieux faire connaître nos recommandations constitue pour nous un véritable enjeu, en effet. Nous essayons, dans la mesure de nos moyens, de diffuser auprès de nos partenaires nos recommandations et comptons sur eux pour les relayer ensuite. C'est pourquoi nous participons à des congrès de médecins, où nos préconisations sont reprises. En ce qui concerne les patients, nous essayons de réaliser des documents ad hoc, mais ce n'est pas notre point fort : vulgariser est un métier et suppose des ressources spécifiques. Nous faisons ce que nous pouvons avec nos moyens, et là aussi nous comptons sur nos partenaires et les associations de patients.

J'ai créé à mon arrivée une commission « impact des recommandations » : nous élaborions des recommandations, mais n'en mesurions pas l'impact. Nous aurons désormais un feed-back, ce qui nous permettra de comprendre comment mieux les présenter. Les patients, comme les professionnels, ont besoin de présentations simples et schématiques. J'espère que cette commission nous permettra de progresser en matière de présentation et de vulgarisation de nos travaux.

En ce qui concerne l'obligation vaccinale, la HAS avait émis plusieurs conditions, parmi lesquelles figurait le niveau de l'épidémie. Dans notre avis du 15 juillet sur l'obligation des soignants, nous avons recommandé l'ouverture rapide d'un large débat sur l'élargissement de l'obligation vaccinale pour que les pouvoirs publics puissent s'appuyer sur ces discussions pour élargir le champ de la vaccination, en fonction du rythme de diffusion de l'épidémie et de la situation à l'hôpital. Nous ajoutions qu'il fallait en savoir plus sur les déterminants sociaux du non-recours à la vaccination. Votre proposition de loi a le mérite d'ouvrir le débat. Il n'appartient pas à la HAS de le trancher. Il est d'ordre politique. Aujourd'hui l'épidémie décroît, mais nul ne sait si cela durera. La couverture vaccinale n'est pas encore suffisante pour garantir que l'hôpital ne sera pas saturé en cas d'apparition d'un nouveau variant virulent.

La couverture vaccinale est inégale selon les âges : si les 70-80 ans sont bien vaccinés, il reste encore plus de 15 % des plus de 80 ans à convaincre. Il faut poursuivre la démarche d' « aller vers » les groupes sociaux les plus fragiles et les personnes âgées à domicile pour leur permettre d'avoir accès à la vaccination. Il semble prioritaire pour nous d'étendre la couverture vaccinale à toute la population française avant d'envisager une troisième dose.

Nous n'avons pas dit qu'il fallait commencer la campagne de rappels dès le 15 septembre, mais qu'il fallait attendre l'avis de l'Agence européenne du médicament, l'EMA. Les données disponibles en vie réelle montrent une baisse de la protection avec le temps, tandis que le variant delta semble plus résistant. Une dose supplémentaire permet de retrouver un niveau d'anticorps efficace. Ces données nous semblent justifier un rappel pour les plus âgés, dès que l'EMA se sera prononcée. Nous n'avons jamais recommandé une généralisation de la dose de rappel à toute la population, nous attendons encore davantage de données sur le bénéfice-risque.

Nous avons un programme pluriannuel sur la psychiatrie et la santé mentale. Un comité de concertation nous aide à construire notre programme de travail et à prioriser les sujets. Ce domaine est vaste et nous occupe beaucoup. Outre les recommandations, nous essayons de construire avec les professionnels des indicateurs de qualité. Je ne comprends pas pourquoi nos recommandations pourraient susciter de l'inquiétude. Au contraire, nous essayons de trouver des consensus dans un domaine où il existe de nombreux courants assez hétérogènes.

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