Intervention de Jacques Mahéas

Réunion du 28 mars 2006 à 16h30
Bilan des violences urbaines et situation dans les banlieues — Discussion d'une question orale avec débat

Photo de Jacques MahéasJacques Mahéas :

Car enfin, si, dans une minorité de cas, certains troubles précoces du comportement peuvent déboucher au passage à l'acte délinquant, doit-on procéder à un repérage, une classification, un fichage systématiques ? Peut-on ignorer la dimension idéologique sous-jacente de la notion de « trouble de conduite » ? Quels experts définiront les frontières de la « bonne conduite » ? Doit-on craindre une politique sécuritaire qui brandirait la pathologie pour s'exonérer du nécessaire traitement social et éducatif de la question ?

Toujours est-il que l'amalgame entre jeune enfant et prédélinquant est insupportable. Comment croire en la « chaîne continue pour le suivi de la santé des enfants », promise par le ministre de l'intérieur, quand le Gouvernement supprime les postes clés - enseignants, médecins, psychologues scolaires, assistantes sociales - et décentralise ses déficits sur les collectivités territoriales, ce qui crée notamment des difficultés pour les services de protection maternelle et infantile ?

En fin de compte, vous n'aurez su résoudre ni la fracture sociale ni l'insécurité, grands thèmes des campagnes électorales de 1995 et 2002.

Les brèves incursions ministérielles dans les cités et les effets d'annonce sans lendemain ont fait long feu. Les associations attendent toujours les crédits promis. À titre d'exemple, la ville dont je suis l'élu doit faire face à une baisse de crédits de 22 %. La maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale enregistre une diminution de 42 %. Et nous attendons toujours les crédits promis !

Le 17 janvier dernier, un ministre de ce gouvernement a dit de façon à la fois lapidaire et familière : « J'en ai marre ». Il s'agissait de M. Borloo, qui était agacé par les difficultés dénoncées par les membres du groupe socialiste. Eh bien, je veux reprendre cette expression, au nom des maires des villes de banlieue, gagnés par le découragement.

Monsieur le ministre, je vous lance un appel vibrant, que je vous prie de transmettre à M. le Premier ministre : il faut se mettre à l'ouvrage et résoudre les difficultés auxquelles sont confrontées les banlieues, faute de quoi nous devrons faire face à de nouvelles violences urbaines.

Le climat de tension qui se cristallise autour du CPE n'est rien d'autre que le prolongement de la crise des banlieues.

En avez-vous tiré le bilan qui s'impose ? Saurez-vous, enfin, apporter une réponse digne de ce nom à une jeunesse et à tout un pays légitimement inquiets face à l'avenir ?

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