Mais la lutte contre l'économie souterraine et les trafics en tous genres doit encore être intensifiée.
L'action des groupements d'intervention régionaux, les GIR, est déterminante. Les services de renseignement doivent leur faciliter le travail, en identifiant ceux qui nuisent à la sécurité.
Dans le domaine de l'interpellation, les forces mobiles, et en particulier les CRS, doivent dorénavant jouer un plus grand rôle. Leur habitude, jusqu'à présent, était de se positionner face à des groupes de « caillasseurs », puis de lancer des grenades lacrymogènes pour les faire reculer, sans nécessairement procéder à des interpellations.
La nouvelle organisation tactique dite du « binômage », pratiquée par les CRS depuis février 2004, a permis - c'était particulièrement important - de procéder à de nombreuses interpellations, ce qui n'était pas le cas auparavant : 2 900 émeutiers ont ainsi été interpellés durant l'automne, alors qu'il n'y avait eu aucune interpellation entre 1998 et 2002.
Alors que les manifestations anti-CPE ont changé de visage, il faut s'adapter à la situation, comme vient de le recommander le ministre de l'intérieur, et aller interpeller les casseurs jusqu'à l'intérieur des cortèges, pour protéger les manifestants eux-mêmes. Cela nécessitera l'intervention de nombreux policiers en civil, protégés eux-mêmes par les forces de l'ordre. L'accomplissement de cette nouvelle mission, très délicate, voire dangereuse, implique l'acquisition d'une nouvelle culture du maintien de l'ordre. Il faut aussi tenter dorénavant d'intercepter les casseurs au moment de leur départ, dans les transports en commun.
Un point mérite d'être souligné, monsieur le ministre : près de la moitié des personnes interpellées l'ont été après les flambées de violence, et cela a été rendu possible par une étroite coopération avec les services territoriaux de police judiciaire, qu'il faut encore renforcer, et par l'utilisation de caméscopes et d'appareils photos, qui ont grandement facilité l'identification des délinquants.
Je voudrais insister sur la nécessité de développer dans notre pays, à Paris notamment et dans les secteurs sensibles de la région parisienne, un dispositif élaboré de vidéosurveillance, aujourd'hui permis par la loi. Ce système a fait ses preuves dans d'autres pays, non seulement pour lutter contre le terrorisme, mais aussi pour prévenir la délinquance et réguler la circulation. Il nous faut adopter une véritable culture et une pratique de la « vidéo-tranquillité ». Un tel système pourrait être bientôt mis en place à Paris et dans la région parisienne.
Ces événements doivent aussi nous inciter à dépasser le stade de la territorialisation des forces mobiles pour aller jusqu'au bout de la logique qui consiste à affecter à la police urbaine une partie de ces effectifs, à les redéployer et à les adapter à prévenir les agissements des casseurs, notamment.