Un peu de respect, s'il vous plaît !
Deux enfants sont décédés, donc, dans des conditions qui ne sont toujours pas clairement établies et restent aujourd'hui encore controversées. Personne ne doit les oublier, et personne ne doit oublier que c'est à la suite de ce drame que ce même automne 2005 a été marqué par des violences urbaines.
Je tiens à rappeler, à cet égard, que le groupe communiste républicain et citoyen a, le 8 novembre 2005, déposé une proposition de résolution tendant à créer une commission d'enquête portant précisément sur l'explosion de violence qui a secoué plusieurs villes de la Seine-Saint-Denis. Notre requête est restée lettre morte.
Apparues d'abord à Clichy-sous-Bois, ces violences se sont rapidement étendues à d'autres villes du département de la Seine-Saint-Denis, puis à la région d'Île-de-France, avant de se propager dans bien des agglomérations de province. De nombreuses voitures ont été brûlées, des bâtiments publics ont été pris pour cible, ainsi que des commerces et des entreprises. Le bilan de ces violences a été extrêmement lourd pour les quartiers concernés et leurs habitants, qui ont vécu plusieurs jours dans le désarroi, la peur et l'insécurité.
À l'époque, nous avons condamné ces actes et toutes ces destructions de biens privés et de biens publics : d'une part, la violence n'est jamais la réponse adaptée à une situation ; d'autre part, elle a rendu encore plus difficile l'existence quotidienne de ceux qui subissent déjà les injustices de la « mal vie ».
Mais nous avons tout autant condamné l'attitude du Gouvernement, qui, après avoir mis de l'huile sur le feu dans les quartiers, a fait le choix de la seule répression, au détriment de la prévention et de l'apaisement, en ne recherchant ni les causes ni les responsabilités de ces drames.
Cette explosion de violence n'est pas née de rien ; elle est la traduction d'une crise profonde, qui trouve sa source dans des mesures toujours plus inégalitaires faisant le jeu du libéralisme ; elle prend son origine dans l'abandon de politiques publiques volontaires, notamment d'une vraie politique de prévention.
Alors qu'une telle situation a mis en exergue la nécessité de changements radicaux au profit d'une politique de cohésion, d'intégration et de solidarité en faveur des hommes et des territoires, le Gouvernement n'a su, dans un premier temps, que décréter l'état d'urgence, en « déterrant » une vieille loi de 1955, déjà sombrement connotée.
Puis, dans un second temps, et prétendument afin de répondre au malaise exprimé, le Gouvernement a présenté son désormais tristement célèbre projet de loi dit « pour l'égalité des chances », dans lequel il a introduit le non moins fameux contrat première embauche, tant décrié depuis des semaines, y compris dans certains rangs de la droite.
Les participants de la manifestation d'aujourd'hui, où se mêlent les jeunes dans leur diversité, le monde du travail et celui de la culture, ont encore haussé le ton pour exiger le retrait immédiat du CPE. Les commentateurs - et non pas, je le précise bien, les organisateurs - s'accordent à dire que trois millions de personnes sont descendues dans les rues de notre pays. Le Premier ministre ne peut pas avoir raison contre tous. Son attitude de blocage est inadmissible, tant elle donne aux jeunes de notre pays une bien piètre idée et une bien piètre image de ce qu'est la démocratie.