Ainsi, alors qu'on était en droit d'attendre, de la part du Gouvernement, la mise en place d'une politique porteuse de justice sociale et de respect mutuel, celui-ci a répondu par l'extension des zones franches, le retour du travail des enfants, avec l'apprentissage à quatorze ans, et, bien évidemment, le CPE ! Bref, toujours plus de cadeaux pour le patronat !
La question orale avec débat de notre ami Jean-Pierre Bel, dont le texte a été publié au Journal officiel du 16 février dernier, est à envisager aujourd'hui sous un jour nouveau, à la lumière des événements que nous vivons.
Force est d'admettre, en effet, que, cinq mois après le début des violences urbaines, qui ont traduit un grand malaise, singulièrement chez les jeunes des quartiers populaires, les inquiétudes, les questions, les colères sont toujours là.
Les problèmes qui ont conduit à cette situation de crise demeurent : le chômage, la précarité, la dégradation de l'habitat, l'éclatement des zones d'éducation prioritaires, la réduction des subventions accordées aux associations de terrain, la disparition des services publics dans les quartiers, dont celle de la police de proximité, que le Gouvernement s'est empressé de supprimer dès son entrée en fonctions, l'étranglement financier des collectivités territoriales en raison de transferts de charges non compensés par l'État, les discriminations, etc.
Aucune réponse sociale n'a été apportée au profond malaise qui s'est exprimé alors. Au contraire, la droite en a même profité pour accentuer sa politique injuste, au mépris de la population, tout en renforçant le climat sécuritaire et en aggravant les communautarismes.
Le Gouvernement n'avait-il pas déjà, à l'époque, privilégié à dessein la stigmatisation des quartiers populaires et des personnes qui y vivent, allant jusqu'à rendre responsables de cette explosion de violence le rap, la polygamie, les mariages mixtes, les étrangers ?
Cette stigmatisation est loin d'être anodine.
Elle permet en effet au Gouvernement, et singulièrement à son ministre de l'intérieur, de justifier tout à la fois sa politique en matière d'immigration - de l'accroissement du nombre d'expulsions du territoire jusqu'au pillage des cerveaux à l'étranger, en passant par les restrictions des droits fondamentaux des étrangers : mariage, regroupement familial - et sa politique sécuritaire en matière de prévention de la délinquance - de la médicalisation des troubles du comportement chez l'enfant à la mise sous tutelle des allocations familiales des parents d'enfants délinquants, en passant par la remise en cause du secret professionnel des travailleurs sociaux.
Le Gouvernement continue ainsi de renforcer sa politique de répression et d'exclusion sans aucun traitement social de fond, ni de la délinquance, ni de la crise sociale qui s'étend dans le pays, alors que l'on sait pertinemment que la délinquance prend justement racine dans l'aggravation des inégalités sociales.
Le Gouvernement se contente de mettre en place une gestion sécuritaire et policière de l'État...