Intervention de Sophie Taillé-Polian

Réunion du 3 février 2022 à 14h30
Évaluation de l'opportunité et de l'efficacité des aides versées au titre du plan de relance dans le cadre de la crise sanitaire — Débat interactif

Photo de Sophie Taillé-PolianSophie Taillé-Polian :

Pendant la crise sanitaire, le Gouvernement a dépensé au total 400 milliards d’euros, soit 20 % du PIB, pour que ce même PIB revienne finalement 1, 6 % en deçà de son niveau moyen de 2019. Vous pouvez vous en féliciter, madame la ministre, mais d’aucuns vous répondront qu’il s’agit là, malgré tout, d’une performance très limitée.

Vous justifiez votre politique en vous appuyant également sur les statistiques de l’emploi. Selon les chiffres de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) le nombre absolu de chômeurs est aujourd’hui au même niveau qu’au début du mandat Macron, soit 5 430 000. Compte tenu de l’augmentation de la population active, on constate effectivement une baisse du taux de chômage, mais celle-ci correspond à des créations d’emplois soit précaires soit financés par l’État, l’effet d’aubaine qui en résulte, dans ce dernier cas, étant considérable.

Le plan « 1 jeune, 1 solution » a certes permis la création de près de 520 000 emplois en alternance, mais, spécificité de ce plan, les subventions étatiques sont telles que l’apprenti est gratuit pour l’entreprise ! Quelque 9 milliards d’euros auront été dépensés pour faire disparaître 520 000 personnes des statistiques du chômage… Et cette aide, quand prend-elle fin ? Elle ne dure que jusqu’en juin 2022 ! Joli effet d’aubaine, peut-être pas que pour les entreprises… La chute risque d’être rude, madame la ministre, car l’emploi que vous créez n’est pas durable.

Vous avancez, dans le même sens, que de nombreuses entreprises ont été créées, mais il s’agit en grande majorité de microentreprises. Or, selon l’Insee, un microentrepreneur ne gagne que 590 euros par mois en moyenne, et on sait que la moitié de ces entreprises ne survivent pas au-delà de quelques mois ou de quelques années.

Votre relance n’est pas pérenne, madame la ministre ; c’est tout le problème.

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