Monsieur le président monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, 12 millions : c’est le nombre de Françaises et de Français qui passent l’hiver sans pouvoir chauffer leur logement correctement ; 12 millions de Françaises et de Français qui subissent une précarité énergétique.
Bien plus nombreux encore sont ceux qui doivent consacrer exceptionnellement une part plus élevée de leur revenu dans les énergies – électricité, gaz, carburant… Or l’énergie n’est pas un bien de consommation comme un autre : c’est un bien de première nécessité, indispensable pour s’éclairer, cuisiner, se chauffer, se rendre au travail, se déplacer…
Parce que c’est un bien de première nécessité, la puissance publique a un devoir de régulation, de contrôle et de planification. Un devoir de rendre ce bien accessible à chacune et à chacun.
Nous nous en faisons l’écho depuis des mois : le coût de l’énergie pèse de plus en plus. L’augmentation simultanée des prix de l’énergie appelle des réponses à la hauteur, entre l’électricité en hausse à cause d’un mode de calcul européen désuet, se fondant en partie sur le coût des centrales à charbon ou au gaz, et les prix des carburants qui poursuivent leur montée et atteignent de nouveaux records, plus élevés que lors de la mobilisation des gilets jaunes.
Certes, le Gouvernement a pris des mesures. Sont-elles suffisantes et adaptées ? Non.
Le chèque énergie est revalorisé de 100 euros ? Nous voulons le porter à 400 euros pour les bénéficiaires actuels et en faire bénéficier 16 millions de foyers supplémentaires pour un montant de 100 euros.
Le relèvement de 10 % du barème kilométrique de l’impôt sur le revenu ne changera absolument rien pour la moitié des Français qui ne s’acquittent pas cet impôt.
Le Gouvernement mène une politique du pouvoir d’achat hypocrite. Ce qui est donné d’une main est repris de l’autre : vous augmentez ponctuellement le chèque énergie, mais vous appauvrissez durablement les demandeurs d’emploi avec votre réforme de l’assurance chômage. Le seul pouvoir d’achat que le Gouvernement a fait croître pendant ce quinquennat est celui des plus riches.
La situation de la jeunesse est à cet égard alarmante : 1, 5 million de jeunes sont touchés par la pauvreté, ce qui entraîne des conséquences sur leur accès aux produits énergétiques. Or aucune politique viable de sortie de la pauvreté n’est mise en place. Ce ne sont pas deux ou trois aides ponctuelles et bien maigres qui permettront aux jeunes de s’émanciper et de devenir autonomes.
C’est la raison pour laquelle les écologistes défendent un revenu citoyen automatique de 920 euros dès 18 ans. §Nous le devons à notre jeunesse. La métropole lyonnaise a d’ailleurs déjà mis en place un tel dispositif.
Surtout, au-delà d’aides ponctuelles et disparates, le Gouvernement ne mène aucune politique de transformation profonde de la consommation énergétique. Là encore, l’écologie constitue une solution aussi bien pour le climat que pour le pouvoir d’achat : une politique écologiste de l’énergie permettrait à toutes et à tous de vivre dignement dans son logement et de se déplacer, tout en assurant la souveraineté énergétique de la France.
Le meilleur moyen de soutenir le pouvoir d’achat des Françaises et des Français est de réduire leur consommation d’énergie. Cela passe d’abord par une politique ambitieuse de rénovation thermique globale des habitations : il faut consacrer 10 milliards d’euros par an à l’isolation des bâtiments. Et pour que les populations les plus précaires puissent accéder à la rénovation énergétique de leur logement, il faut mettre en place un reste à charge zéro.
Parce que l’électricité est un bien commun, EDF doit être nationalisée pour reconstruire un vrai service public de l’énergie. L’État ne peut opérer un juste accès à l’énergie et une transition écologique sans avoir la main sur cet outil industriel puissant et stratégique.
Cela passe également par le soutien de filières françaises qui assureront notre autonomie énergétique. Je pense non seulement à la filière silicium-photovoltaïque, qui menace de disparaître, mais aussi à la filière hydroélectrique.
Si se déplacer est un droit, il peut se révéler contraint. Une politique systémique des mobilités se doit d’offrir des alternatives favorables au pouvoir d’achat.
Le rail demande des investissements massifs : au moins 4 milliards d’euros par an pour moderniser le réseau ferroviaire et développer les trains du quotidien. Dans les zones rurales, l’État doit accompagner les initiatives locales qui se mettent en place et qui offrent des alternatives à l’automobile. Une politique de tarification des transports est indispensable : il n’est ainsi pas acceptable que se déplacer en transport en commun soit toujours plus coûteux qu’en voiture individuelle.
Conduire une politique énergétique bénéfique pour le climat et favorable au pouvoir d’achat des Françaises et des Français est donc possible. Les écologistes portent des propositions en ce sens, alliant justice sociale et souveraineté énergétique. Le Gouvernement, lui, a baissé les armes sur le front des inégalités sociales et perpétue la dépendance énergétique envers les puissances étrangères.