Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, la crise actuelle a démontré notre forte dépendance aux énergies fossiles, qui grève le pouvoir d’achat des Français et les ambitions économiques de nos entreprises.
Rappelons, en effet, que si le nucléaire représente 70 % de l’électricité produite en France, il constitue moins de 20 % de l’énergie finale utilisée par les Français.
La prépondérance du nucléaire dans la production d’électricité ne doit pas occulter la dépendance de la France et, plus généralement, de l’Europe aux énergies fossiles importées pour ses besoins en énergie.
La crise actuelle a rappelé la nécessité de réformer le marché européen de l’énergie afin de protéger le consommateur des variations d’un coût marginal qui fixe le prix unique de marché du mégawattheure. Je salue ainsi la position française consistant à défendre un prix de marché plus fidèle au coût domestique moyen de production et aux efforts de décarbonation des mix.
Sans une telle réforme, et alors que le prix des énergies fossiles sera inévitablement amené à augmenter, la France ne bénéficierait pas de ses choix. Or nos choix collectifs ont conduit à faire de notre pays le champion du monde des pays décarbonés. Nous produisons, avec notre électricité, dix fois moins de gaz à effet de serre que notre voisin allemand grâce à nos centrales et à nos barrages.
Il est temps d’accélérer l’électrification de nos usages et la décarbonation de l’économie en découplant le prix de l’électricité du prix des énergies fossiles.
Cela m’amène à défendre la logique additive rappelée par RTE, c’est-à-dire la complémentarité, non seulement possible, mais aussi nécessaire, entre des énergies renouvelables intermittentes et une énergie nucléaire pilotable, la seconde permettant en réalité d’accompagner l’essor des premières. Le nucléaire est non pas un problème, mais une partie de la solution pour la transition énergétique. Il permettra également d’assurer aux Français la stabilité des prix de l’électricité.
Si les coûts bruts des centrales nucléaires sont élevés, la flexibilité que permet cette énergie, l’amortissement des réseaux, bref, le coût complet du système fait dire au gestionnaire du réseau que la construction de nouveaux réacteurs nucléaires est pertinente du point de vue économique. Elle permettra d’éviter l’explosion des factures énergétiques alors que la hausse du prix des énergies fossiles est assurée, le tout en renforçant notre indépendance énergétique.
À cet égard, j’ai déposé avec mon collègue Jean-François Longeot une proposition de résolution tendant à accompagner l’essor du nouveau nucléaire en France.
Tout d’abord, les mini-réacteurs permettent d’envisager de nouveaux usages du nucléaire contribuant à la décarbonation de notre économie : production de chaleur, d’hydrogène, d’électricité pour les industriels, etc.
Ensuite, la quatrième génération de réacteurs pour laquelle notre pays doit redéfinir ses ambitions permettra de répondre aux deux principales critiques adressées au nucléaire en permettant une sûreté accrue et un multirecyclage des déchets nucléaires. En tout état de cause, un effort de recherche et de développement est nécessaire.
Monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, qu’en est-il des propositions françaises de réforme du marché européen de l’énergie ? La France a-t-elle l’ambition d’utiliser le nucléaire comme levier d’une diminution des tarifs de l’énergie et comme amortisseur de la crise que nous vivons ?