Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, le TDAH est une maladie neurologique complexe, qui se caractérise par une forte inattention, des problèmes de concentration, d’hyperactivité et une impulsivité chronique générant des troubles de l’apprentissage.
Le TDAH touche principalement les enfants et les adolescents, mais également les adultes. On considère qu’il concerne 5 % à 7 % des enfants et qu’il persiste dans 60 % à 70 % des cas chez l’adulte, soit une prévalence de 3 % à 4 % dans la population adulte.
C’est un trouble que les pédiatres et les pédopsychiatres connaissent bien. Son repérage est complexe, car il n’existe pas de signes neurologiques ou physiques spécifiques.
De plus, le TDAH peut être associé à d’autres troubles du neuro-développement, compliquant ainsi à la fois son diagnostic et sa prise en charge. La construction du diagnostic est complexe, car il faut essayer de comprendre le sens et l’origine des symptômes, lesquels peuvent dans certains cas être aggravés par l’influence des écrans.
Lorsqu’il est établi, ce trouble est à l’origine d’une altération des relations avec l’entourage et de l’apprentissage scolaire. Il nécessite une prise en charge médicale, notamment quand les symptômes deviennent un handicap et sont une source de souffrance.
Cette prise en charge repose d’abord sur un traitement non médicamenteux à l’aide de psychothérapie et de rééducation. Si cela n’est pas suffisant, le méthylphénidate peut être utilisé dans certains cas. Cette molécule a été largement prescrite aux États-Unis, mais peu en France, car elle peut provoquer d’importants effets secondaires.
Toutefois, les prescriptions de méthylphénidate s’envolent. D’après le rapport sur les données d’utilisation et de sécurité d’emploi en France, publié en 2017 par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), les chiffres ont bondi en vingt-cinq ans. Le nombre de boîtes vendues est passé de 26 000 en 1996 à 220 000 en 2005 et à plus de 600 000 en 2014. Même si une augmentation des chiffres de vente continue d’être observée, l’utilisation de ce médicament en France reste faible, notamment en comparaison avec d’autres pays européens.
La prise en charge du TDAH doit donc être la plus précoce possible, adaptée aux symptômes, à l’âge et aux comorbidités du patient.
Je vois deux axes principaux à partir desquels nous pourrions travailler à une meilleure prise en charge de ce trouble. Il faudrait dans un premier temps améliorer le repérage puis, dans un second temps, avoir une prise en charge efficace des enfants, des adolescents, mais aussi des adultes.
La formation au repérage du TDAH par les professionnels de santé reste encore insuffisante. Selon une étude d’impact réalisée en 2021, seulement 14 % des troubles du neuro-développement seraient repérés par les professionnels de santé de première ligne. Pour améliorer le repérage précoce des TND, la délégation interministérielle propose un module de sensibilisation et de formation en ligne à destination des professionnels de santé. C’est un premier pas, mais il reste insuffisant.
La mise en œuvre de plateformes ne pourra pas compenser le manque chronique de pédiatres et de pédopsychiatres, qui sont les mieux à même de diagnostiquer et de soigner les enfants souffrant de ce trouble.
Dès le repérage, les patients et les familles devraient bénéficier d’une meilleure prise en charge. Malheureusement 15 % à 17 % des adolescents souffrant d’un TDAH sont dirigés vers un service pour adultes, car on manque de structures spécialisées dans la prise en charge des adolescents.
Je pense qu’une amélioration de la prise en charge du TDAH pourrait aussi passer par une pratique sportive plus intense, comme c’est actuellement le cas dans les pays anglo-saxons.
Ensuite, le TDAH ne disparaît pas subitement à 18 ans ! Quid du suivi à l’âge adulte des patients déjà diagnostiqués ?
Enfin, ce trouble est très largement sous-diagnostiqué chez l’adulte, soit parce que le diagnostic n’a pas été posé dès l’enfance, soit parce que les conséquences du trouble ne se déclarent qu’à l’âge adulte.
Concernant les adultes, le manque chronique de ressources entraîne là aussi des délais de consultation très longs et une forte inégalité dans l’accès aux soins. La filière de soins doit être structurée et harmonisée sur l’ensemble du territoire pour permettre une égalité d’accès.
Les conséquences de ce trouble ont des effets tout au long de la vie. Son retentissement est varié et peut constituer un réel handicap : une instabilité des trajectoires professionnelles, des accidents, des addictions précoces, voire des tentatives de suicide. J’ai évoqué plusieurs pistes pour améliorer la prise en charge du TDAH.
Pour conclure, j’insisterai sur deux points.
En premier lieu, si nous n’avons pas suffisamment de pédiatres, de pédopsychiatres et de psychiatres pour prendre en charge ces patients, la mise en œuvre des recommandations et des différents outils proposés ne permettra sans doute pas une prise en charge efficace des patients sur l’ensemble du territoire.
En second lieu, il existe des mesures simples pour aider ces patients, notamment celles qui favorisent la pratique sportive dès le plus jeune âge. Ce n’est pas une solution miracle, mais un soutien nécessaire et adapté à la prise en charge de ce trouble, qui a le mérite d’être relativement facile à mettre en œuvre.
Je me réjouis que le débat de ce soir ait mis en lumière les difficultés de ces patients et de leurs familles afin que nous puissions réfléchir ensemble à une meilleure prise en charge de ce trouble. J’espère qu’il se traduira ensuite par des mesures législatives et réglementaires. Je remercie tout particulièrement Jocelyne Guidez et Annick Jacquemet de leur travail.