Intervention de Jocelyne Guidez

Réunion du 2 février 2022 à 15h00
Amélioration de la prise en charge des personnes atteintes du trouble du déficit de l'attention — Conclusion du débat

Photo de Jocelyne GuidezJocelyne Guidez :

Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je tiens à vous remercier pour ce débat constructif et enrichissant.

Malgré la sensibilité et la complexité du sujet, j’ai noté, tout au long de nos échanges, que tout le monde s’accordait à reconnaître le bien-fondé de son inscription à l’ordre du jour de nos travaux.

Je tiens aussi à saluer l’engagement et la volonté de Mme la secrétaire d’État Sophie Cluzel sur les sujets relatifs au handicap.

Mes chers collègues, la prévention a un coût. Ne pas en faire a un coût également : un coût humain, car enfants, parents et enseignants sont fragilisés ; un coût politique, car la lutte contre le décrochage a un coût ; un coût social, car l’addiction, la délinquance et le suicide ont un coût.

Il est donc tout à fait judicieux d’investir aujourd’hui, pour que la société tout entière soit demain renforcée. À l’heure de l’école se voulant exclusive, il est temps de former l’ensemble des enseignants à ce trouble, qui affecte 5 % des enfants. Il est temps d’accorder à nos enfants une réelle égalité des chances, de rendre l’organisation du travail en classe respectueuse des différences.

À toutes les associations, à toutes les familles, je dis que notre combat ne se termine pas ce soir. Il y a encore beaucoup à faire.

Il est temps d’encourager le Gouvernement à accroître ses efforts pour garantir des ressources aux familles, assurer la mise en œuvre concrète des obligations de formation existantes, développer des centres experts de tous les troubles du neuro-développement.

Mes chers collègues, avec le soutien de la commission des affaires sociales, nous restons mobilisés sur la question de la prise en charge du TDAH. La mise en place d’une mission d’information permettrait d’entendre des psychiatres, des neuroscientifiques, ainsi que des associations, dans l’optique d’apporter collectivement des solutions plus adéquates pour la prise en charge des enfants et des adultes atteints de ce trouble.

Il est temps de faire de la solidarité et du vivre ensemble une priorité. Il y a une attente très forte de la part des parents, qui sont épuisés et qui nous ont livré des témoignages accablants. En voici une sélection.

« Le personnel éducatif n’est formé ni aux troubles ni aux aménagements scolaires possibles. Mon enfant est découragé, déprimé, se sent incapable d’autonomie, ce qui l’angoisse pour son avenir. Il est devenu le bouc émissaire de toute une classe. Il a le droit d’être aidé, il a le droit d’être heureux. »

« Je ne souhaite pas que mon enfant soit médicamenté pour pallier les manques de moyens auxquels il a le droit. C’est une double sanction. »

« Nous sommes des parents ignorés de la République. Nos enfants TDAH sont maltraités par le système éducatif et sont les oubliés du Gouvernement. »

« La méconnaissance de ce trouble dans notre société est très dure à gérer. Personne ne peut imaginer ce que nous subissons : les préjugés habituels - parents laxistes, enfant turbulent, vilain petit canard –, un quotidien effréné et pesant, source de nervosité, avec de l’ignorance ou de l’indifférence en face, le sentiment de ne pas être compris, d’être démuni, d’être rejeté. À tout cela s’ajoute une bataille permanente, avec un passage quasi obligé par la case zéro écoute pour faire connaître le TDAH. »

Que de temps et d’énergie seraient gagnés si un bilan systématique était effectué dès l’école primaire ! Il est d’ailleurs fréquent que le diagnostic des parents ou d’autres membres de la famille suive celui des enfants.

Mes chers collègues, une main tendue serait, pour toutes ces familles, une bouée de sauvetage. La situation mérite qu’une proposition de loi soit étudiée, pour favoriser la prise en charge de ces personnes, leur permettre de s’épanouir, d’éviter les addictions en tout genre, les problèmes psychologiques et les graves dépressions.

On ne peut pas laisser 2 millions d’individus sur le bord de la route, les laisser dériver et devenir des adultes dépendants du système.

Je connais bien le quotidien de ces enfants : l’un de mes petits-fils à haut potentiel intellectuel et atteint d’un TDAH bénéficie d’un suivi pluridisciplinaire hebdomadaire. Tous les enfants n’ont pas la même chance, toutes les familles n’ont pas les moyens de prendre en charge le parcours de soins de leur enfant quand il faut attendre deux ans pour faire un bilan. Telle est la réalité.

Seule une volonté politique permettra d’éclaircir le paysage. Les associations qui œuvrent sur le terrain ont déjà bien déblayé le chemin. Il leur faut juste un coup de pouce et le sentiment d’être entendues.

Avec ma collègue Annick Jacquemet, nous sommes convaincues que mettre l’accent sur le TDAH n’enlèvera rien aux actions conduites pour lutter contre les difficultés d’insertion liées aux troubles autistiques.

Nous continuerons notre travail et nous comptons sur la mobilisation de chacun d’entre vous pour faire avancer la cause des personnes atteintes du TDAH. Ce problème de santé publique mérite notre attention soutenue.

Je terminerai mon propos par une citation de Winston Churchill, l’une des célébrités sur lesquelles le diagnostic a été porté a posteriori : « Le succès, c’est d’aller d’échec en échec, sans perdre son enthousiasme ».

Avec ma collègue Annick Jacquemet – j’ai compris que M. Mouiller était également disposé à participer à nos travaux –, nous partageons la ferme volonté de continuer à travailler sur cette question. Nous resterons vigilantes sur le développement des plateformes de coordination et d’orientation et sur l’efficacité du parcours de prise en charge de ces enfants par le Gouvernement.

Nous sommes à l’écoute de toutes les associations. Vous pouvez compter sur notre engagement.

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