Intervention de Max Brisson

Réunion du 1er février 2022 à 14h30
Menaces que les théories du wokisme font peser sur l'université l'enseignement supérieur et les libertés académiques — Débat organisé à la demande du groupe les républicains

Photo de Max BrissonMax Brisson :

Comment ne pas réagir lorsqu’une université publique accueille dans ses locaux un colloque sur la déconstruction, déstabilisant le caractère un et indivisible de notre République ?

Comment ne pas réagir lorsque des visions idéologiques tentent de soumettre l’enseignement de l’histoire au prisme d’une vision globale, empruntant les lunettes déformantes du présent pour lui imposer les exigences présupposées de notre époque ?

Comment ne pas réagir lorsqu’un professeur subit harcèlement, pressions et menaces pour avoir contesté la réalité scientifique du concept d’islamophobie ?

Oui, je suis profondément mal à l’aise quand j’observe la diffusion de l’idéologie wokiste à l’université et dans l’enseignement supérieur, et les procédés mis en œuvre pour censurer les professeurs qui ne s’inscrivent pas dans ce courant de pensée.

Oui, je crois que dans notre pays, nos universités sont vectrices d’un projet d’émancipation, et qu’elles doivent cultiver chez nos étudiants une ouverture d’esprit nourrie par la conscience de la pluralité des modes d’établissement de la vérité.

Oui, je suis convaincu que laisser se diffuser cette idéologie nauséabonde prônant la dissolution de toutes normes, c’est porter atteinte à l’essence même de notre démocratie, qui vit par le débat et la confrontation d’idées, et non par la censure et le relativisme.

Et oui, je suis convaincu que l’université est par excellence le lieu où il faut protéger le débat, la confrontation pacifique et régulée des idées, afin que progresse la connaissance et que s’établisse la vérité scientifique.

Pourtant, mes chers collègues, si le wokisme tient parfois le haut du pavé, force est de constater que cette idéologie ne porte les revendications que d’une petite minorité d’individus.

Comme le montre un sondage réalisé par l’IFOP en février 2021, plus de 86 % des Français n’en ont jamais entendu parler et, parmi les 14 % restants, 8 % affirment ne pas savoir de quoi il s’agit. Finalement, ces chiffres font apparaître le wokisme pour ce qu’il est, un « opium des intellectuels », comme l’écrit Pierre Valentin, qui ne se diffuse qu’au sein de minorités restreintes et qui s’appuie sur des théories américaines qui ne sont ni adaptées ni adaptables à la réalité de la France.

Il est donc grand temps de rappeler combien la réalité objective dessinée par le travail des historiens, des chercheurs et des professeurs fait rarement bon ménage avec la réécriture historique aux fins de desiderata politiciens.

Il est donc grand temps de combattre une idéologie qui tourne le dos à l’idéal des Lumières, à l’apport de la Révolution française et aux fondements mêmes de notre conception républicaine.

Or, en la matière, permettez-moi, madame la secrétaire d’État, de trouver la réaction de ce gouvernement bien en demi-teinte. Certes, quelques déclarations ont pu donner l’impression de l’action. Mais force est de constater que la prégnance wokiste et ses formes d’action les plus violentes ont progressé en cinq ans, comme si la fascination du chef de l’État pour le modèle anglo-saxon constituait un frein à un combat résolu contre une idéologie de déconstruction qui peut malheureusement trouver un écho dans certains propos présidentiels.

Pour combattre le wokisme, il faut regarder notre passé, avec clairvoyance, mais certainement pas avec suspicion et esprit de repentance. Or c’est sur cette voie – hélas ! – que le président Macron a voulu plusieurs fois nous entraîner.

Pour combattre le wokisme, il faut réarmer intellectuellement nos professeurs pour qu’ils soient les garants de notre conception universelle de la citoyenneté, celle qui n’assigne jamais un citoyen de notre République à sa couleur de peau, ses croyances et ses origines.

Pour combattre le wokisme, il faut mettre au centre de notre projet éducatif l’apprentissage des savoirs fondamentaux.

Pour combattre le wokisme, il faut replacer comme pierre angulaire de l’enseignement supérieur et de la recherche l’ouverture d’esprit et le débat d’idées.

Pour combattre le wokisme, il faut tout simplement réassurer notre conception de la citoyenneté.

Mes chers collègues, la Nation nous rassemble, la République nous fédère, notre citoyenneté nous ouvre au monde. Ces concepts, trempés au cœur de notre histoire, demeurent d’une étonnante modernité. Nous devons avoir envie, ensemble, de les partager.

J’espère sincèrement que le débat qui s’ouvre, au-delà de la dénonciation des dérives, sera l’occasion d’une vraie réflexion, justement, sur la modernité de notre conception de la République et sur les moyens que nous devons mobiliser pour la protéger et la faire prospérer, en particulier là où se forme la capacité d’analyse critique des jeunes Français, là où le débat doit toujours être pluraliste, curieux, ouvert, car c’est la garantie d’une connaissance scientifique avérée : au sein même de notre université.

1 commentaire :

Le 27/04/2022 à 09:42, aristide a dit :

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Il n'y a pas de débat contradictoire à la fac : le prof enseigne, les étudiants écoutent.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

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