Intervention de André Gattolin

Réunion du 1er février 2022 à 14h30
Menaces que les théories du wokisme font peser sur l'université l'enseignement supérieur et les libertés académiques — Débat organisé à la demande du groupe les républicains

Photo de André GattolinAndré Gattolin :

Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, nous sommes unanimes : la vocation du politique est de débattre de tout. Rien de ce qui se rapporte à la vie de la cité – la polis au sens grec du terme – ne saurait donc lui être étranger. En politique, tout peut et, d’une certaine manière, tout doit être débattu.

Je remercie donc l’initiateur du présent débat et je me félicite de ce format, même s’il est dommage que seuls des parlementaires y participent. Il eût été intéressant, en effet, d’y associer des universitaires et des chercheurs.

De même, une proposition de loi aurait d’emblée posé la question très délicate de la définition des concepts et, surtout, de la mise en normes précises des mesures publiques qui auraient pu être avancées.

Si je m’exprime ainsi, c’est que je suis de ceux d’entre nous – nombreux – qui ont toujours manifesté une grande prudence à l’égard des « lois mémorielles ». Quand le politique réécrit l’histoire ou choisit des moments d’histoire plutôt que d’autres, c’est toujours un problème. En matière universitaire, le choix des contenus ne relève pas, me semble-t-il, de la discussion politique mais du corps de la recherche universitaire, dans son pluralisme.

Il est vrai que l’intitulé du débat met en scène une notion que je connais bien, celle des libertés académiques. Il sera sans doute question de ce concept ce soir, lors du débat organisé à la demande de la mission d’information sur les influences étatiques extra-européennes dans le monde universitaire et académique français et leurs incidences. Il a également été développé dans la proposition de résolution européenne sur un nécessaire soutien à la liberté académique en Europe que nous avons adoptée, en décembre dernier, au sein de la commission des affaires européennes.

Mais ce concept souffre encore de l’absence d’une définition précise, invariable, et d’un cadre normatif unanimement admis, et surtout précisément inscrit dans la loi. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », écrivait Albert Camus. En ces temps de division, bien nommer les choses doit être une hygiène démocratique.

Le problème de l’absence de définition communément admise est encore plus vif lorsque nous parlons de woke et de wokisme.

Par de simples recherches, tout un chacun peut constater que le terme « woke » est issu de l’anglais, qu’il signifie « éveillé », mais qu’il ne fait l’objet d’aucune définition académique.

Il n’a rien à voir, en tout cas, avec cet ustensile de cuisine – le wok –, sorte de poêle bimillénaire venue d’Asie, qui en cantonais signifie « chaudron » et qui permet de cuire toutes sortes d’aliments en limitant la quantité de matières grasses. Encore que : en l’absence de définition académique sérieuse, ce que nous qualifions de « woke » ressemble quelque peu à ce mélange de légumes divers, graines et viande que l’on cuisine ensemble, sans trop y ajouter de matière grise…

2 commentaires :

Le 28/04/2022 à 16:05, aristide a dit :

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"Quand le politique réécrit l’histoire ou choisit des moments d’histoire plutôt que d’autres, c’est toujours un problème."

Il n'y a que l'enseignement de l'histoire qui pose problème, en définitive. En maths, physique, chimie, pas de problèmes... Le mot est névralgique : faites des chiffres !

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 19/05/2022 à 17:01, aristide a dit :

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Vous avez vu : des élèves ont quitté un cours parce que le prof leur avait passé les Beatles, en plein Ramadan, c'est de la provocation. Il est vrai que le prof aurait pu leur passer une chanson française, peut-être seraient-ils restés ? mais c'est pas sûr.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

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