Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, ce débat, souhaité par le groupe Les Républicains du Sénat, permet de poser des mots sur une réalité de notre pays aujourd’hui. Il est aussi l’occasion de mettre en avant les moyens de nous protéger contre ce phénomène que nous déplorons.
Oui, il faut regarder en face les dérives que vivent parfois certaines universités. À cet égard, je salue la lucidité de nombre de sénateurs, sur toutes les travées, qui ont choisi de refuser tout angélisme, sans tomber dans la généralisation.
Au-delà, nous avons une seule et unique boussole : protéger la liberté académique en renforçant les moyens de l’université. C’est ce que nous avons fait, notamment, avec la loi de programmation de la recherche, et par l’accompagnement des présidents d’université.
Le vrai danger, c’est de laisser l’autocensure s’installer au sein de nos universités. M. le sénateur Longuet l’a rappelé, seul compte le climat qui règne au sein de nos établissements d’enseignement supérieur. Nous ne pouvons pas laisser s’installer en France le risque de voir les noms de certains enseignants placardés aux yeux de tous, comme jetés en pâture. Cette sorte de chasse aux sorcières mènerait à une régulation insidieuse par la peur du débat, de l’échange, de la controverse, bref, de tout ce qui fait l’esprit français. Il est ainsi fondamental de promouvoir l’étude de l’histoire dans sa totalité.
Cependant, il ne faut pas mélanger le combat politique et les thèses de recherche. Nous n’avons aucune vocation à réguler ou à limiter le débat scientifique. Absolument pas ! En revanche, nous devons être les garants d’un climat de sérénité au sein de nos universités, pour les professeurs et pour les étudiants.
Avec la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, nous proposerons tous les moyens permettant d’assurer ce climat apaisé et la protection des enseignants, des enseignants-chercheurs, des doctorants, avec un seul et unique objectif : la pluralité des débats.
Pour permettre cette pluralité, il faut des valeurs fermes et des objectifs clairs. Et c’est tout au long de son parcours, du primaire jusqu’à l’enseignement supérieur, que le citoyen en devenir doit être accompagné. C’est pour cela qu’aujourd’hui, plus que jamais, il faut des repères, de l’histoire, des valeurs ; il faut redéfinir des essentiels au travers de rappels historiques, comme cela a été fait à cette tribune, avec toute l’intégrité scientifique requise.
Nous devons rejeter toutes les tentatives de revoir l’histoire, ainsi que l’installation de débats et de combats visant à détricoter des héritages, déboulonner des statues, changer les titres d’œuvres littéraires, voire à interdire des représentations théâtrales.
Cette vigilance doit être exercée sans lassitude. À chaque fois qu’il y aura des situations troublées menant à des annulations, nous serons aux côtés des responsables et des présidents d’université pour permettre que ces colloques puissent avoir lieu ou que ces pièces de théâtre puissent se jouer. Il y a là une ligne rouge que nous devons faire respecter.
Dans le même temps, nous devons agir collectivement contre les inégalités, les discriminations ou encore contre le racisme. Nous luttons contre toutes ces discriminations parce que nous regardons notre pays comme une nation. Cela signifie que nous considérons chaque personne comme un citoyen, et rien d’autre.
Mesdames, messieurs les sénateurs, le racialisme est un nouveau racisme.
Ce racialisme qui s’installe, prenant ses racines dans l’essentialisme, oppose, sépare, fragmente ; il est en réalité à l’origine des communautarismes. C’est un mal qui peut contaminer, si tel n’est pas déjà le cas, le débat politique. Le Gouvernement y oppose l’universalisme français, républicain, qui est essentiel à l’unité nationale.
Pour conclure, j’y insiste, nous accompagnons l’université en lui fournissant des moyens tant humains que financiers : plan pour le doctorat, renforcement du CNRS, lutte contre la précarité des étudiants, accompagnement des enseignants-chercheurs, etc.
Ce n’était pas le fond du débat d’aujourd’hui, mais je crois que la négation des dérives que nous constatons est une manifestation d’angélisme particulièrement dangereuse au sein tant de l’université que de notre société.
Une seule ligne, un seul combat : la protection des libertés académiques, le pluralisme, et surtout une République universaliste qui reconnaît chacun de ses enfants comme un citoyen, et rien d’autre.