Monsieur le sénateur Emmanuel Capus, vous faites référence à une situation très préoccupante et très grave. Je vous remercie d’avoir salué les efforts diplomatiques de la France et du Président de la République. Ces efforts s’inscrivent évidemment dans un cadre européen, celui de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, et dans le cadre de l’unité occidentale que nous devons réaffirmer.
Les visites de lundi et mardi à Moscou et à Kiev constituent un élément important de nos tentatives de stabilisation de la situation – nous devons nous montrer prudents, mais notons de premiers signaux positifs. Nous espérons parvenir à une désescalade dans les prochaines semaines. Nous avons en tout cas ce chemin d’espérance.
Vous posez une question concrète sur l’aspect énergétique de cette crise : il est essentiel. Si un dérapage se produisait ou si une situation de guerre survenait – ce que nous souhaitons éviter et avons les moyens de faire, mais il nous faut néanmoins nous préparer à tout –, des sanctions très fortes seraient prononcées. Les vingt-sept pays de l’Union européenne l’ont dit dès le mois de décembre dernier : il s’agirait, pour reprendre leurs termes, d’un paquet massif de réponses à cette situation d’agression territoriale.
Nous le préparons. Vous me pardonnerez de ne pas pouvoir détailler un menu d’options, car cela fait partie de notre crédibilité que d’être généraux sur ce point. Nous préparons en tout cas des sanctions importantes.
S’agissant de l’énergie, si des sanctions devaient être prises, nous ferons en sorte de préserver le plus possible nos intérêts européens.
Par ailleurs, nous avons des stocks européens. En France, je le dis très clairement, nous disposons de stocks de gaz suffisants pour cet hiver.
Enfin, cette crise étant aussi une crise de la dépendance, nous devons évidemment réduire notre dépendance européenne à l’égard du gaz russe. Celle de la France est bien moins forte que celle de ses voisins, mais, collectivement, comme vous l’avez rappelé, un peu plus de 40 % des importations européennes viennent de Russie, dont 30 % passent par un gazoduc traversant l’Ukraine.
Nous devons améliorer les capacités européennes de stockage et, plus largement, même si cela prendra du temps, accélérer notre transition énergétique à l’échelon européen.
Cette crise est une crise de la dépendance aux énergies fossiles, et de la dépendance envers un pays en particulier.
Je veux mentionner une dernière initiative, à effet plus rapide, sur ce sujet. Nous travaillons avec les États-Unis et plusieurs partenaires internationaux à la diversification de nos approvisionnements, dans l’attente de la transition énergétique.
Tels sont les éléments que je pouvais apporter aujourd’hui, en espérant bien sûr…