Nous sommes une association féministe et LGBT, abolitionniste du système prostitueur depuis 2012. Nous y incluons la pornographie. Je ne reviendrai pas sur ce qui a été dit, mais j'insisterai sur la question de la violence inouïe mainstream d'aujourd'hui. Je vais vous présenter les choses telles qu'elles sont, avec des mots assez crus, je m'en excuse. Il s'agit de montrer les contenus, les synopsis, tels qu'ils sont.
Il s'agit de véritables actes de torture, de violence inouïe, dans une recherche de déshumanisation, pas du tout de liberté sexuelle comme le prétendent les défenseurs de cette industrie. Celle-ci va jusqu'à produire des films qui seront diffusés par des médias connus, avec des acteurs ou actrices assurant que c'est formidable, comme si le lobby du tabac affirmait que fumer n'est pas nocif pour la santé.
88 % des scènes pornographiques contiennent de la violence explicite. Le porno dit trash il y a quelques dizaines d'années est devenu le porno mainstream d'aujourd'hui. Les contenus les plus violents sont les plus regardés. Les vidéos figurant dans les top rated contiennent des pratiques extrêmement violentes : la pratique du gagging, ou étouffement avec le pénis lors d'une fellation pouvant aller jusqu'au vomissement de la femme victime ; double ou triple pénétration, dans un même orifice ; étranglements, Bukkake catégorie ayant donné son nom au procès qui sera évoqué par Céline Piques, où une cinquantaine d'hommes font subir des fellations et éjaculent ensuite sur le visage d'une actrice, qui peut en subir des brûlures ; des femmes enceintes de huit mois, et donc un abus de faiblesse. S'y ajoutent des catégories telles que le BDSM (pratiques sadomasochistes) avec des femmes hurlant de douleur. Ce n'est pas du cinéma, pas de la simulation. Nous ne pouvons pas considérer qu'une femme qui pleure et qui saigne feint ou simule. Quiconque en serait témoin dans l'espace public ne pourrait pas tolérer ce type de violences. Quand c'est de la pornographie, personne ne le remet en question. C'est ce qui ne nous semble plus acceptable. Des infractions caractérisées telles que du racisme, du sexisme ou de la pédocriminalité, de la lesbophobie, des incitations à la haine raciale sont diffusées.
Permettez-moi de vous détailler les catégories existantes pour que vous puissiez visualiser la demande des consommateurs, puisqu'elles visent à y répondre. Commençons par la catégorie « fantasme familial » et les mots clés tels que Daddy fucks his teen daughter ou teen. Par ces contenus, ces sites devraient être fermés car ils sont illégaux. À l'incitation à des actes incestueux s'ajoute l'aspect pédocriminel puisqu'on parle d'une jeune fille mineure. On trouve aussi une catégorie teen, très regardée. Il s'agit bien d'un fantasme pédocriminel, avec des actrices parfois adultes - mais pas toujours - habillées en écolières avec des couettes, des jupettes. La loi incrimine pourtant le fait de représenter des images d'enfants ou d'adolescents érotisés, même sous forme de dessins.
Vous trouverez aussi le côté raciste, extrêmement présent, avec les catégories interracial, mettant en scène des hommes noirs animalisés avec une frêle jeune femme blonde, stéréotypée aryenne, illustrant le côté « ils violent nos femmes ». L'imaginaire raciste est très présent. Vous trouverez également la catégorie black, avec des mots clés tels que monster dick et autres stéréotypes coloniaux et racistes trouvables dans les synopsis des vidéos, visant à inciter les consommateurs à regarder les contenus en question, connus et utilisés dans les recherches. Les acteurs et actrices sont sélectionnés pour correspondre aux stéréotypes : gros sexe pour les hommes, grosses fesses pour les femmes par exemple. Ces êtres humains sont animalisés. Les synopsis sont sans ambivalence. Ce sont des appels à la haine. Vous y trouvez des formulations telles que « jeune beurette souillée par des bites d'hommes blancs ». Y sont présentées toutes les catégories raciales : asiatique avec le stéréotype de la femme soumise, beurette avec le stéréotype de la « salope » devant être « souillée » par des hommes blancs... Lorsque vous cherchez des vidéos sur Internet, vous ne tombez que sur ce genre de contenus. Ce n'est ni anodin ni marginal. Ils représentent la grande majorité des vidéos. C'est ce que recherchent les gens. On flatte leurs plus bas instincts, ceux qui ne peuvent pas s'exprimer dans la société. Toutes ces représentations racistes sont encadrées par la liberté d'expression. Normalement, ils ne devraient pas pouvoir être exprimés. Dans n'importe quel autre film, sur n'importe quel autre support, ils seraient censurés, interdits. Dans la pornographie, il y a cette zone de non-droit dans laquelle on peut expérimenter les stéréotypes racistes qui vont créer ou flatter des fantasmes racistes ou sexistes chez les gens.
Vous trouverez également la catégorie des viols, avec des mots clés sans ambivalence : surprise anale, surprise fuck, prise par surprise, faciale non voulue... Ce sont des incitations à commettre des crimes. Si vous passez tous ces contenus au crible du code pénal, chaque catégorie correspond à une infraction spécifique : incitation à commettre des crimes, à la haine raciale, à la pédocriminalité. Il existe également des catégories enlèvement ou séquestration avec les mots clé enlèvement, kidnapping, ou humiliation, avec des insultes sexistes, correspondant aux mots clés pleurs, tears, elle pleure, douleur ou crachat. Encore une fois, ce n'est pas feint. Lorsque la femme pleure, elle pleure vraiment. C'est ce qui est recherché par les consommateurs de ces vidéos. Il n'est pas normal de flatter cette recherche de déshumanisation et de pouvoir exercé sur les femmes par la douleur, les pleurs ou la torture. Citons également la catégorie prostitution et l'incitation à la prostitution, voire esclave, avec des mises en scénario de femmes noires habillées en esclaves, sur un décor de plantation, avec des hommes blancs qu'elles appellent « maître », avec les mots clés soumise sexuelle ou esclave.
Dans la catégorie de l'humiliation et de la douleur, vous trouverez également le prolapsus, pathologie féminine correspondant à la descente dans le vagin des différents organes reposant sur le plancher pelvien : l'utérus, la vessie ou le rectum. Dans certaines catégories sera provoqué, dans une scène de film pornographique, ce prolapsus qui sera visible de l'extérieur, avec des lésions anales, du sang...