Intervention de Claire Charlès

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 20 janvier 2022 : 1ère réunion
Table ronde avec des associations féministes engagées dans la lutte contre la prostitution et la pornographie

Claire Charlès, porte-parole de l'association Les Effronté.es :

C'est du viol, de la violence sexuelle érotisée. Tous ces contenus charrient énormément d'argent.

136 milliards de vidéos sont visionnés chaque année ; 35 % des vidéos sur Internet sont de la pornographie. Les revenus du porno s'élèvent à 140 milliards de dollars par an, dont 17 milliards aux États-Unis, soit plus que Netflix et la National Basketball Association (NBA) réunis. Nous devons nous interroger sur les intérêts financiers colossaux qui se cachent derrière cette industrie, entrant en résonnance et en collision avec la société patriarcale, flattant tous les plus bas instincts patriarcaux et racistes, voire pédocriminels, pour amasser cette somme colossale.

Nous avons l'impression que ce que nous combattons dans la sphère publique avec les lois est accepté dans la pornographie puisqu'elle correspond à la sphère privée. Nous pensions pourtant avoir dépassé cette dimension. Le viol conjugal ou la violence conjugale sont condamnés. Pour autant, la pornographie redevient de l'ordre de l'intime et de la sexualité. C'est une façon de voiler la torture, la violence, les viols et la barbarie. Cela sert les intérêts d'une industrie qui génère des profits colossaux.

De la même manière, les féministes rappellent depuis longtemps que le privé, comme l'intime, sont politiques. Que les violences sexuelles et physiques se déroulent dans l'espace public ou dans la sphère domestique ne change rien à leur caractère illégal. Il doit en être de même lorsque ces violences se déroulent derrière une caméra, sous le maquillage sémantique de « pornographie ».

Nous considérons qu'imposer de multiples fellations simultanées, des strangulations, des étouffements, des lésions anales, des vomissements ou autres ne peut pas être considéré comme des offres d'emploi classiques. Maintenant, nous disposons de témoignages. La presse montre ce que nous savions déjà. Si tout le monde ne visionne pas de vidéos pornographiques, elles sont tout de même vues par des millions de personnes. Il n'est plus possible de fermer les yeux devant ce système criminel. Les pouvoirs publics ne devraient plus tolérer cette zone de non-droit, où tout ce qui est inacceptable dehors devient toléré entre les murs de cette industrie.

Je vous ai décrit ces synopsis d'une profonde misogynie et lesbophobie. Il existe aussi des vidéos de femmes lesbiennes dans lesquelles un homme intervient pour les remettre sur le droit chemin. Ces contenus contiennent un panel incroyable d'incitations à la haine contre des catégories minorisées. Ils sont qualifiables pénalement et sont, de fait, illégaux.

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