En effet, l'éducation ne pourra jamais contrebalancer complètement le phénomène. Il reste néanmoins important de proposer dès le plus jeune âge une éducation sur toutes les questions d'égalité. Nous en parlons depuis des années pour la mettre en oeuvre sur divers sujets afin de parler de stéréotypes, de relations entre filles et garçons, de violences sexistes et sexuelles à chaque niveau. Ça ne rentre pas. La loi de 2016 prévoyait que chaque élève ait, à un moment donné dans son parcours scolaire, des interventions de prévention sur la marchandisation du corps. Nous attendons toujours. Lors de nos interventions en milieu scolaire, l'Éducation nationale nous dit qu'elle est trop sollicitée. Elle doit faire venir l'intervention sur la drogue, SOS suicide, la lutte contre l'homophobie... Si elle réussit à nous faire venir une fois tous les trois ans, c'est bien. Pour avancer, le sujet devrait pouvoir être intégré dans le corpus éducatif de l'Éducation nationale. Nous en sommes loin.
Enfin, l'industrie du sexe, regroupant le porno et la prostitution, constitue une industrie colossale. Les intérêts économiques sont énormes. Nos opposants sont plus financés que nous. Nous affrontons donc un déséquilibre en termes de moyens pour pouvoir agir. C'est extrêmement frappant. Cette industrie a en outre des répercussions sur d'autres, telles que la chirurgie plastique. Énormément de jeunes ont recours à des vulvoplasties, à des opérations des seins ou des lèvres, à des allongements du pénis pour ressembler à ce qui est montré dans le porno. Ces opérations ont explosé avec le développement de la pornographie. Je ne dispose pas de chiffres pour la France, mais une enquête a été menée sur le sujet il y a plusieurs années au Canada. Elle a montré un lien étroit entre la progression du porno et celle des demandes de chirurgie, notamment chez les très jeunes. Ces industries en alimentent d'autres. Il sera compliqué de contrer ces profits énormes.