Quand ils sont en questionnement sur leur identité de genre ou sexuelle et qu'ils ne peuvent pas en discuter avec leur groupe de pairs, les adolescents se tournent vers les médias numériques. Ils y créent des communautés au sein desquelles ils peuvent échanger et qui les sortent parfois de grandes difficultés et souffrances.
Comme l'a révélé le mouvement #MeToo, les violences sexuelles et sexistes sont un problème systémique qui concerne tous les secteurs de la production culturelle sans exception. Nous pouvons pointer des spécificités s'agissant des violences dans la pornographie. Elles tiennent souvent à l'absence de données économiques et sociales précises sur les acteurs et les espaces de production : il est d'autant plus difficile de lutter contre ces phénomènes que nous ne disposons pas d'un état des lieux précis de ces espaces de production, leurs acteurs, leurs modèles économiques ou leur organisation de travail. Surtout, certains propriétaires de structures utilisent les régulations actuelles, qu'elles soient financières, sociales ou autres, pour les contourner. Nous l'avons bien vu avec le producteur Pascal Op, qui contourne les lois. Il n'est pas le seul. Dans mon enquête sur la presse pornographique, j'ai identifié une catégorie que j'ai qualifiée de « Phoenix ». Il s'agit d'entités déposant régulièrement le bilan et qui sont souvent à la limite de la légalité dans leur façon de travailler ou sur les droits d'auteur. Elles récupèrent des contenus dont elles n'ont pas les droits et les monétisent. Cette catégorie joue sur de multiples limites de légalité, qui ne sont pas uniquement liées au travail des acteurs et des actrices.
En tant que chercheurs et chercheuses, il nous semble utile de nous appuyer sur des études en sciences sociales pour rendre visibles et lisibles ces espaces de production. L'objectif est à notre sens de produire des connaissances à même de cerner l'ensemble des agents, dont les acteurs et actrices impliqués dans la conception de contenus pornographiques, et d'en comprendre les conditions sociales et matérielles. À nos yeux, la production de ces savoirs scientifiques est une condition indispensable pour construire des politiques adaptées de régulation des espaces de production des pornographies.