Intervention de Sonny Perseil

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 3 février 2022 : 1ère réunion
Table ronde de chercheurs et de juristes sur la production de contenus pornographiques

Sonny Perseil :

Vous avez d'abord évoqué les violences faites aux femmes et les situations d'esclavage. Mes collègues ont parlé des pornographies. On peut parler de la pornographie plurielle ou des pornographies. Elles sont extrêmement diversifiées. Il existe des productions sans aucune violence, avec uniquement des adultes consentants qui savent très bien ce qu'ils font, qui maîtrisent le cadre de leur activité. Ils refusent ou acceptent les rôles selon leur propre choix et négocient certaines prestations ou les rejettent. Les situations sont multiples. Vous mentionniez également l'usage de substances. Cela peut arriver, mais ce n'est pas toujours le cas.

Les situations sont extrêmement diversifiées, comme dans les relations entre les hommes et les femmes. D'une manière générale, certaines relations se passent bien, sans violences. Nous savons qu'il existe davantage de violences opérées par des hommes sur des femmes, mais il s'agit apparemment d'exceptions dans les couples. Il existe également des violences de femmes envers les hommes, même si elles sont moins évoquées. Je ne pense donc pas qu'il puisse y avoir de réponse globale à ce questionnement, d'autant plus que le droit, en dehors de l'activité pornographique et prostitutionnelle, prévoit des peines pour punir les violences réalisées, qu'il s'agisse de viols ou d'agressions sexuelles. Il n'est pas obligatoire d'aller chercher un droit spécifique dans la prostitution ou la pornographie pour pénaliser les personnes se rendant coupables de violences à l'égard des victimes.

Ensuite, vous avez évoqué la complexité du réel et de la fiction. Le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) a consacré des colloques et des travaux sur la réalité de la fiction. L'exemple de la pornographie est particulièrement intéressant et stimulant pour la recherche, pour savoir ce qui relève de la fiction et ce qui relève de la réalité. Effectivement, la pornographie audiovisuelle - je ne me suis personnellement pas intéressé à la pornographie littéraire - se définit par la réalité d'actes sexuels non simulés. C'est ce qui la différencie de l'érotisme, où des corps nus peuvent apparaître sans pratiquer d'acte sexuel. Nous devons quand même souligner la différence entre l'acte sexuel et la sexualité. Cette dernière, même lors d'actes sexuels réels, peut être simulée. La jouissance de l'homme ou de la femme peut être liée à une mise en scène ne correspondant pas à la réalité. Les acteurs jouent bien une sexualité qui n'est pas la leur mais qui est celle demandée par la production en fonction des désirs supposés de la clientèle. Nous sommes ainsi confrontés à un acte sexuel réel et à une sexualité fictive. C'est ce qui est complexe. C'est tout le problème pour les populations fragiles qui consomment de la pornographie en abondance. Ils ne font pas la différence. Dès lors qu'ils sont confrontés à un acte sexuel réel, ils pensent qu'il s'agit d'une sexualité normale. En découlent divers comportements que nous avons pu observer, avec des scénarios sexuels en quelque sorte enregistrés par les consommateurs.

Vous avez parlé de la difficulté de parler de travail prostitutionnel et de la confusion du droit français actuel. Oui. Il vous revient, en tant que parlementaire, de mettre fin à cette confusion.

Vous avez indiqué ne pas avoir de morale engagée. Je pense au contraire que vos propos révèlent que vous avez une opinion morale très forte contre la prostitution. Vous voyez systématiquement dans l'exercice prostitutionnel une dégradation de la femme. C'est ce que j'ai compris.

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