J'observe que le taux de vacance commerciale est systématiquement mis en avant pour juger de la vitalité commerciale des centres-villes et je me demande s'il n'y aurait pas d'autres critères à prendre en compte, notamment par le biais d'une approche plus singulière à chaque territoire. « À chaque coeur de ville sa problématique particulière », serais-je tentée de dire. Le taux de vacance a son utilité comme outil de comparaison nationale, mais pour les villes qui ont un taux élevé, il n'est guère vendeur.
Deuxième remarque, le commerce n'est pas le seul critère d'attractivité d'une ville. Quid des services de l'État et des collectivités ? Dans certaines villes, des établissements France services ont été mis en place. Existe-t-il un pôle de santé ? Etc. On ne peut pas tout réduire au commerce, il faut avoir une approche multidimensionnelle.
Ce qui m'inquiète particulièrement, c'est cette évolution récente vers la « ville sans vitrine », cette cité des dark kitchen et des entrepôts situés hors des murs de la ville, parfois en deuxième, voire troisième couronne. En 2024, 19 % du chiffre d'affaires de la restauration en sera issu. Des restaurants vont disparaître, le coeur de ville battra au rythme des scooters en livraison et la ville du quart d'heure pourrait devenir la ville du mauvais quart d'heure, avec ses effets délétères sur le plan social et sociétal. Les documents d'urbanisme sont de formidables instruments de régulation, mais ils ne suffisent pas. Quels outils réglementaires ou législatifs imaginer ? Le zéro artificialisation nette peut-il, au-delà de son objectif initial, contribuer à la régulation des installations commerciales ?