Intervention de Philippe Varin

Commission des affaires économiques — Réunion du 16 février 2022 à 9h35
Audition de M. Philippe Varin ancien président de france industrie chargé d'une mission sur la sécurisation de l'approvisionnement de l'industrie en matières premières minérales

Philippe Varin, ancien président de France Industrie, chargé d'une mission sur la sécurisation de l'approvisionnement de l'industrie en matières premières minérales :

Nous sommes au début des PIIEC. La ministre s'est exprimée sur le fait qu'il en fallait davantage. Il en existe deux sur les batteries. C'est ce qui a rendu possible la naissance d'Automotive Cells Company (ACC), en coopération entre Daimler, TotalEnergies et Stellantis. Il peut y en avoir d'autres, notamment dans le domaine des aimants. Les grandes sociétés ont conscience que les PIIEC existent, mais il faut en assurer la promotion auprès de Bruxelles et des industriels, ainsi que des autres pays européens.

Nous avons l'opportunité d'un vrai partenariat gagnant-gagnant entre l'Afrique et l'Europe, entre des pays riches en ressources et des sociétés européennes qui s'engagent à un développement responsable, respectueux de l'environnement et apportant une valeur ajoutée locale claire. On a une vraie opportunité. Si nous émettons une norme « mine responsable » bien claire, nous offrirons une approche très distincte de celle des Chinois.

Notre corps diplomatique est très compétent ; il a déjà été recentré sur la diplomatie économique. Actuellement, nous avons choisi une douzaine de cibles, sur lesquelles les diplomates locaux sont à la manoeuvre, avec la mise en place d'un pilotage central. Je fais confiance à nos ressources. En Afrique, dans le domaine économique, nous menons quelques actions, mais nous ne sommes pas du tout aussi actifs que d'autres États. Il y a un vrai potentiel à exploiter.

Nous sommes en train d'étudier la question des stocks stratégiques. Pour qu'un stock stratégique résiste dans la durée, il faut immobiliser des sommes colossales. Quand les métaux sont cotés, comme l'aluminium, les risques sont limités, mais quand ils ne sont pas cotés, c'est plus difficile. En outre, la qualité du lithium, du nickel ou du cobalt n'est pas standardisée comme celle du cuivre ou de l'aluminium. Il y a donc des difficultés techniques.

Il y a aussi des difficultés fiscales. L'Allemagne envisage de modifier la fiscalité pour une société qui voudrait se couvrir en mettant en place un stock stratégique. C'est important, car aujourd'hui, si une société a un stock de lithium dont le prix augmente, passivement, elle doit payer davantage d'impôts, car elle en dégage un résultat. Elle est donc pénalisée. Ce sujet mérite d'être approfondi techniquement et fiscalement.

Je ne saurais pas vous répondre concernant la localisation d'activités à Valenciennes.

Le fonds ne répond pas directement à une question de pouvoir d'achat, mais indirectement en quelque sorte. Les constructeurs automobiles ont une telle transformation à accomplir que le cash doit être utilisé à cette fin. Immobiliser de l'argent dans des mines n'est pas leur première priorité. L'idée est plutôt de mobiliser de l'argent prêt à être placé pour dix à quinze ans.

En cas de crise ponctuelle, l'État a toujours été présent pour aider les gros constructeurs.

Le Chips Act est très bien dimensionné. Que l'Europe ne produise que 10 % de ses besoins n'est pas supportable dans la durée. Les États-Unis ont pris des dispositions pour rapatrier de la production chez eux à la suite des difficultés avec les producteurs taïwanais. L'objectif européen de multiplier par quatre notre production de puces électroniques n'est pas évident à tenir, mais est absolument indispensable.

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