Railcoop est une entreprise coopérative, portée par des citoyens, des collectivités locales et des entreprises pour développer le ferroviaire sur le service librement organisé. Nous ne nous positionnons pas sur les délégations de service public.
Railcoop compte plus de 12 000 sociétaires, dont 25 collectivités. Contrairement aux propos tenus devant cette même commission, les collectivités qui investissent dans Railcoop le font sur leur budget d'investissement et ne nous versent pas de subventions.
Depuis la fin de l'année dernière, nous faisons rouler de premiers trains de fret. Nous allons ainsi opérer sur une première ligne de voyageurs à la fin de cette année sur la transversale Bordeaux-Lyon. D'autres lignes ont été notifiées à l'ART.
Un nouvel entrant comme nous, qui n'est pas adossé à des fonds d'investissement ou à un grand opérateur national ou européen, qui est donc un « pure player » dans le monde ferroviaire, est confronté à quatre principales barrières à l'entrée.
La première concerne l'accès au matériel roulant neuf ou d'occasion. Contrairement à l'aérien par exemple, le marché de la location ou de la revente n'est pas encore mature dans le secteur ferroviaire. Les acteurs capables de proposer du matériel roulant sont peu nombreux. En outre, nous éprouvons des difficultés à accéder aux financements.
Nous avons réussi à passer un contrat avec SNCF Voyageurs pour neuf rames X 72 500 grâce à l'appui de la région Auvergne-Rhône-Alpes, notamment. La difficulté de l'accès au matériel d'occasion ou neuf subsiste néanmoins. Le législateur pourrait se saisir de la possibilité d'ouvrir des mécanismes d'aide à l'investissement pour de nouvelles entreprises ferroviaires comme la nôtre.
Le deuxième obstacle auquel nous sommes confrontés est celui de la maintenance. Les centres de maintenance sont aujourd'hui essentiellement détenus par la SNCF. Ils ont été financés par les régions. Aujourd'hui, on se rend compte qu'il y a des problèmes d'accès, en termes de capacités, à ces technicentres.
La troisième difficulté que nous avons identifiée est celle de l'accès aux compétences. Avec l'ouverture du marché, nous avons besoin de conducteurs, d'opérateurs et de personnes formées au ferroviaire. Or cette ouverture n'a pas été suffisamment préparée sous cet angle. Il y a un enjeu de formation pour accompagner la croissance du marché.
La dernière difficulté porte sur la distribution des billets. Le refus de la SNCF d'ouvrir ses plateformes à de nouveaux opérateurs ferroviaires soulève une question quant à la possibilité d'un accès équitable au marché ferroviaire et à la commercialisation effective de services dans le but de promouvoir le transport ferroviaire et de faciliter la vie des voyageurs.
La question du financement est cruciale. Alors que nous sommes une entreprise de l'économie sociale et solidaire qui cherche à mettre le train au centre de la transition écologique, nous éprouvons des difficultés à mobiliser des investisseurs classiques. Nos financements sont aujourd'hui essentiellement portés par nos sociétaires, sur fonds propres. Aujourd'hui, aucune banque n'est au tour de table, même si nous discutons avec plusieurs d'entre elles. Il manque une capacité pour ces acteurs financiers à soutenir des projets ambitieux comme le nôtre.