Intervention de Xavier Iacovelli

Réunion du 15 février 2022 à 14h30
Sécurité de la coupe du monde de football de 2022 au qatar — Adoption en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Photo de Xavier IacovelliXavier Iacovelli :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, nous sommes amenés à débattre d’un texte et d’un contexte.

Le contexte est celui des détestables soupçons de corruption et d’escroquerie qui jettent l’opprobre sur la FIFA. Ce scandale pollue, depuis plusieurs années, ces moments festifs de communion nationale footballistique. La prochaine Coupe du monde n’en est pas exempte, ce que je regrette.

Pourtant, il n’est pas aujourd’hui question de voter sur le choix du pays organisateur de la prochaine coupe du monde, pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, cette décision ne relève pas de notre compétence de législateur, comme l’a rappelé notre collègue rapporteur Olivier Cadic, que je félicite pour son travail et la justesse de son propos. Cette compétence est celle d’une instance privée, la FIFA.

Ensuite, ce choix, qui remonte à douze ans, est désormais acquis. La Coupe du monde se tiendra cette année. En disant cela, je ne nie absolument pas les conséquences écologiques qui découleront de l’emploi des climatisations géantes prévues pour contrer des conditions météorologiques difficiles pour la pratique du football de haut niveau. Cela n’est pas sans faire écho aux critiques formulées contre les actuels jeux Olympiques d’hiver, au cours desquels l’usage de la neige artificielle bat son plein.

Je ne nie pas non plus les enquêtes qui ont révélé les coûts humains des préparatifs de cette Coupe du monde de football. Ils ne sont jamais excusables. Nous avons tous été profondément choqués.

Je ne nie pas non plus que la perspective de cette compétition ait pu encourager le Qatar à se moderniser et à s’ouvrir. Face aux critiques récurrentes quant aux conditions de travail des ouvriers sur les chantiers de la Coupe du monde, le Qatar a opéré depuis trois ans d’importantes réformes de son droit du travail, en coopération avec le Bureau international du travail, afin de se conformer aux normes internationales.

Cette marche doit se poursuivre. Il reste du chemin à parcourir pour atteindre pleinement nos standards en matière de droit du travail comme de droits de l’homme. Nos recommandations, lors de l’examen périodique universel (EPU) de l’Organisation des Nations unies (ONU), en mai 2019, constituent une bonne feuille de route. C’est en bonne voie et je salue les premières améliorations.

Ainsi, le Qatar a été le premier pays de la région à instaurer, en 2020, un salaire minimum pour les expatriés non qualifiés. Il a aussi été le premier, fin 2016, puis en 2020, à abroger la kafala, système honteux de parrainage contraignant qui discriminait les travailleurs étrangers et prévoyait d’autres exigences qui leur déniaient toute liberté de mouvement. Fait encourageant, ce pays a été récemment suivi par l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis.

Notre pays doit poursuivre ce dialogue constructif, étroit, régulier et exigeant, pour accompagner le Qatar dans la poursuite de ses progrès.

Ce premier instrument juridique conclu entre nos deux pays en matière de sécurité intérieure témoigne de l’ancienneté et de la qualité de notre coopération en termes de conduite de grands événements sportifs.

Ce cadre de partenariat s’appliquera définitivement et spécifiquement le temps de la prochaine Coupe du monde de football, pour en assurer la sécurité. Il témoigne de l’expertise française face à des enjeux auxquels le Qatar n’est pas habitué, tels que le hooliganisme, la gestion des « fan zones », la menace terroriste et les cyberattaques, la contrefaçon ou la consommation d’alcool. Il contribuera à faire rayonner nos pôles d’expertise et à dynamiser notre coopération. Je me félicite qu’il vienne apporter de fortes et précieuses garanties de protection juridique à nos agents français du ministère de l’intérieur déployés au Qatar dans le cadre de ces activités de coopération.

Pour toutes ces raisons, le groupe RDPI votera en faveur de cet accord.

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