Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, cette Coupe du monde cristallise toutes les problématiques de nos relations avec le Qatar.
Disons-le d’entrée, son boycott ne nous semble plus pertinent pour plusieurs raisons : sur la forme, cette question aurait dû se poser avant même le premier match des éliminatoires, en mars dernier ; sur le fond, cela revient à faire peser sur les épaules des sportifs la responsabilité de l’État et à leur donner un rôle de diplomates qu’ils n’ont pas.
Ce Mondial sera-t-il celui de la fête ou de la honte ?
Dès son attribution, le doute a plané. Les soupçons de corruption sont étayés par des milliers de mails et renforcés par des présomptions de pressions politiques venant, notamment, de l’Élysée.
Rappelons également que le dossier du Qatar était le moins bien noté par l’expert de la FIFA. Ce triste épisode, qui s’ajoute aux suspicions concernant les éditions 1994, 1998, 2002 et 2010, impose une réelle réflexion sur le mode d’attribution des compétitions sportives internationales. Je rejoins en cela Marie-George Buffet, dans sa tribune publiée dans L ’ Humanité du 25 janvier dernier.
C’est ensuite la préparation du Mondial qui scandalise. Pour accueillir la compétition, le Qatar doit construire six des huit stades du tournoi, recourant pour cela à des milliers de travailleurs népalais, indiens et bangladais, dont les passeports sont confisqués.
Sous des températures dépassant parfois les cinquante degrés, 6 750 de ces travailleurs ont perdu la vie, quand les autorités qataries n’en concèdent que 37.
Comment jouer sous de telles températures, me demanderez-vous ? Tout simplement en déplaçant la compétition en hiver et en installant des systèmes de climatisation ultrapolluants dans le pays qui émet déjà le plus de CO2 par habitant.
Pendant la compétition enfin, on peut craindre le pire. Au Qatar, l’homosexualité est toujours passible d’une peine de prison. Les femmes, si elles possèdent certains droits, sont toujours placées sous le régime de la tutelle et doivent, depuis 2014, tenir compte d’une liste de vêtements interdits. En ce qui concerne la consommation d’alcool, qui n’est pas formellement interdite, la réglementation est floue.
Dans ce contexte, pourquoi devrions-nous prendre la responsabilité d’envoyer des agents et des matériels pour assister les forces de sécurité qataries avant et pendant l’événement ?
Cette convention, tout comme celle dont l’examen a été repoussé, doit nous interroger sur nos relations avec le Qatar.