Intervention de Olivier Véran

Réunion du 16 février 2022 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Privatisation du secteur de la santé

Olivier Véran :

Je vous remercie pour votre question, madame la sénatrice Émilienne Poumirol. Vous m’interrogez sur le rachat de groupes privés non lucratifs par de grands groupes privés à but lucratif dans le champ du sanitaire et du médico-social. Vous souhaitez savoir ce que j’en pense et si je considère que c’est bien ou non.

Indépendamment de ce que je pense de ce sujet, je rappelle d’abord que la possibilité pour un acteur privé d’en racheter un autre relève du lien contractuel entre eux. L’État n’a pas à intervenir. Même si je voulais empêcher cette vente ou ce rachat, je n’aurais pas la possibilité juridique de le faire.

Ensuite, notre système sanitaire et médico-social repose sur deux jambes : le secteur public et le secteur privé ; l’hôpital et le libéral. La qualité des soins et de l’accueil, la vocation est partout présente chez tous les soignants. Nous nous rejoindrons sur ce point. Les missions se recoupent pour la plupart d’entre elles, même s’il existe des différences entre le secteur privé et le secteur public, qui justifient d’ailleurs des grilles tarifaires distinctes.

Pour ma part, je souhaite que le secteur public et le secteur associatif privé non lucratif gardent toute leur place dans l’offre de soins et dans l’offre médico-sociale sur le territoire français. Je ne me résous pas, je vous le dis en toute franchise, à voir d’immenses groupes privés, portés par des fonds de pension, souvent étrangers, racheter, établissement par établissement, ce qui fait une partie du capital social de notre nation, surtout quand c’est la solidarité nationale qui règle les soins.

C’est pourquoi nous réévaluons, année après année, dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, le financement des soins, des soignants – nous l’avons fait lors du Ségur de la santé –, afin de maintenir l’attractivité du secteur public.

Le public a de l’avenir dans les secteurs de la santé et du médico-social, le privé non lucratif également. Le privé lucratif a évidemment sa place dans notre offre de soins. Prenons garde toutefois à conserver les équilibres et veillons à donner envie aux secteurs public et associatif de continuer à se déployer dans les territoires. Ce n’est pas l’ancien député de Grenoble qui vous dira le contraire. Les premiers centres publics de santé ont été créés à Grenoble – je n’étais alors pas né ! –, je sais ce que c’est, je connais leur valeur et je les soutiens.

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