Intervention de Céline Brulin

Réunion du 16 février 2022 à 15h00
Démocratisation du sport — Discussion générale

Photo de Céline BrulinCéline Brulin :

Les alliances éducatives, réintroduites dans le texte par les députés, ne seront qu’une usine à gaz qui ne contribuera guère à développer la pratique sportive dans le cadre scolaire.

La création par les ligues professionnelles de sociétés commerciales aux contours mal définis nous fait craindre que cela ne se traduise par un beau cadeau aux investisseurs privés et que la juste répartition des droits télé, dans le football notamment, ne soit pas au rendez-vous.

À l’inverse, le texte est muet sur l’accessibilité financière du sport, alors que le Pass’Sport montre déjà ses limites.

Cette proposition de loi est aussi une occasion manquée de créer un modèle français de supporters valorisant le rôle social et la pratique du sport. Elle gomme quasiment toute participation des supporters à la vie de leur club, donc à la gestion des débordements. Un sport sans supporters est un sport sans âme, nous l’avons particulièrement vu en ces temps de crise sanitaire.

Nous avons donc affaire à un texte qui manque particulièrement d’ambition. Il aurait dû constituer ici même, au Sénat, un objet de mobilisation commune telle que nous avons pu en vivre à plusieurs reprises, afin de donner au sport, vecteur de cohésion sociale, d’inclusion et de tolérance, toute la place qui lui revient dans la société.

Certains d’entre vous ont préféré en faire l’objet d’une polémique nourrie par la seule proximité d’une élection présidentielle, en vertu de l’idée erronée selon laquelle les questions « identitaires » seraient la principale préoccupation des Français.

Le code du sport sanctionne déjà les infractions à la laïcité, de même que la Charte olympique. D’autres dispositions ont récemment été prises en la matière.

Le rapport d’information, fait au nom de la mission d’information sur le fonctionnement et l’organisation des fédérations sportives, que présidait Jean-Jacques Lozach, pointait très justement le besoin de maintenir la délégation de service public de l’État aux fédérations, un statut qui, de fait, leur impose un devoir de neutralité.

Au contraire, l’architecture de la politique publique en matière de sport, notamment bousculée par la création de l’Agence nationale du sport, architecture d’essence anglo-saxonne, de même que votre volonté, mes chers collègues, que les fédérations bénéficient du principe de liberté associative que vous invoquez lorsqu’il est question de parité, tout cela risque de nous priver d’outils pour défendre et promouvoir la laïcité.

Madame la ministre, tout en disant cela, j’affirme aussi que ce texte ne permettra pas de relancer notre politique sportive, pas plus qu’il ne permettra d’augmenter la pratique du sport, alors que la crise sanitaire le nécessite.

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